GIDE
(André) Romans. Récits et Soties. uvres
lyriques. Introduction par
Maurice Nadeau. Notices et bibliographie par Yvonne Davet et
Jean-Jacques Thierry. 1989. XL + 1614 p., (n° 135), rhodoïd
et étui illustré.
Ce volume contient
:
Le traité du
narcisse.
Le voyage d' Urien.
La tentative amoureuse.
Paludes.
Les nourritures terrestres.
Les nouvelles nourritures.
Le Prométhée mal enchaîné.
El hadj ou le traité du faux prophète.
L'immoraliste.
Le retour de l'enfant prodigue.
La porte étroite.
Isabelle.
Les caves du Vatican.
La symphonie pastorale.
Les faux-monnayeurs.
L'école des femmes.
Robert.
Geneviève ou la confidence inachevée.
Thésée.
30 euros (code de commande
: Pl/135).
COLLECTION
ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADE
Ethnologie régionale. Tome I :
Afrique - Océanie. Publié sous la direction
de Jean Poirier. 1972. XVI + 1608 p., illustrations, jaquette,
Rhodoïd et étui, (n° 33), ex-libris manuscrit,
.
30 euros (code de commande
: EPl/33).
Géographie générale. Volume publié
sous la direction d'André Journaux, Pierre Deffontaines
et M. Jean-Brunhes Delamarre. 1966. 1883 p., (n°20),
jaquette, Rhodoïd frotté et jauni, pas d'étui.
30 euros (code de commande
: Pl/302).
Histoire de l'Art. Tome I : Le
monde non-chrétien. Sous la direction de Pierre
Devambez. 1961. XXII, 2204 p., illustrations, (n°12),
jaquette et Rhodoïd, pas d'étui, épuisé.
30 euros (code de commande
: EPl/12).
Histoire des littératures. I. Littératures anciennes,
orientales et orales.
Volume publié sous la
direction de Raymond Queneau. 1955. XXII + 1768 p., jaquette
un peu jaunie, Rhodoïd, (n° 1), pas d'étui, en
bon état.
25 euros (code de commande
: EPl/1).
Histoire des littératures. II. Littératures occidentales.
Volume publié sous la
direction de Raymond Queneau. 1956. XVIII + 1972 p., jaquette,
Rhodoïd, (n° 3), pas d'étui, en bon état.
30 euros (code de commande
: EPl/3).
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ALBUMS PLÉIADE
Depuis 1960, les éditions Gallimard
publient ces Albums qui ne sont pas mis en vente au public
mais bien aux libraires de "livres neufs", qui, en
principe, les offrent à l'occasion de la "Quinzaine
de la Pléiade" à chaque client qui fait l'acquisition
de trois volumes de la collection. L'éditeur précise
bien que ces ouvrages ne seront pas réimprimés.
Tous ces volumes sont au format in-8°
sous reliure pleine peau d'éditeur.
La liste qui suit constitue le catalogue
complet de cette collection. Le classement est chronologique.
Les titres dont nous disposons et qui sont en vente sont suivis
de leur prix et d'un code de commande. Nous maintenons (en gris)
la description des ouvrages vendus sur cette page à titre
d'information bibliographique.
1960.
Dictionnaire
des auteurs de la Pléiade.
Textes de Jean-Jacques Thierry. Avertissement de Roger
Nimier. Paris, Gallimard, 1960. In-8° sous reliure, jaquette
et Rhodoïd d'éditeur, [8], 350, [22] p., illustrations
en noir, exemplaire en très bel état.
Avertissement :
Vue
de haut, la littérature ne donne pas une impression très
gaie. Les plaques du cimetière indiquent : Poète
français, né à Paris connu comme
auteur nous ne possédons aucune indication
Gédéon naquit à la Rochelle
mourut sans doute En 1806, il épousa Christiane
Vulpius. Ces indications funéraires nom disent mal
la paupière de Goethe, l'oreille de Tallemant des Réaux,
les grands naseaux de La Fontaine ou les pochons sous les yeux
de Montaigne. Il est vrai que les écrivains, malheureux
jusque dans la mort, continuent à remuer sous leur tombeau
et que leurs livres témoignent d'une agitation durable.
Où les humains serrent les dents, se livrent au courant,
les auteurs babillent encore et, sur le sombre rivage, font renaître
les prairies et les rires.
On peut soutenir une autre hypothèse,
prétendre que la littérature a toujours été,
sera toujours l'uvre d'une seule personne, diversement
incarnée. Cette théorie explique les rapprochements,
les affinités, les résurgences, qui sont le principal
de l'histoire littéraire. Loin d'être une classe
où l'on se copie, la littérature apparaît
alors comme un être majestueux, qui s'offre les plaisirs
de la variété. Ce fleuve, s'il était calme
et suffisant, s'appellerait tour à tour Homère,
Lucrèce, Rabelais, Shakespeare ou Bossuet. Il n'en est
rien, car il s'amuse en route, il se déguise en cours
d'eau, il se fait torrent, delta, mare stagnante ou verre d'eau,
cascade ou goutte de pluie (sort charmant de bien des poètes).
Son répertoire est si grand que les lutteurs s'y perdent.
Aussi croient-ils naïvement qu'il faut préférer
Racine à Corneille, que Victor Hugo est un fakir incomparable,
Dostoïevsky le meilleur spéléologue, Nietzsche
un alpinisme fameux. Aussi sont-ils perdus, parlant en langage
boutiquier d'une matière que seuls les anges savent effleurer
de leurs doigts. Les lecteurs, les professeurs, les critiques,
qui affirment que Rimbaud est un plus grand poète que
Verlaine ou que Dickens est un moins grand romancier que Tolstoï
vivent dans un monde hagard ; et quelle démence les
pousse à comparer comme si la littérature se trouvait
transportée aux Halles centrales, soumise aux variations
des cours, au soleil et à la pluie ?
Les éditeurs, souvent victimes de la
nervosité quand il s'agit des contemporains, ont le sentiment
d'une égalité nécessaire lorsque le temps
est passé. Il ne leur viendrait pas à l'esprit
d'imprimer Virgile sur japon et Horace sur papier à cigarettes.
Le format de la Pléiade est d'une ordonnance
militaire et les couleurs des siècles, comme
celles des régiments, n'admettent pas l'injustice. Autant
de galons sur chacune de ces manches d'uniformes qui se succèdent
sur les bibliothèques et sont l'intendant militaire Stendhal,
le général de Laclos, l'historiographe Racine,
les canonniers Apollinaire et Courier, le mousquetaire Saint-Simon ;
même des civils impénitents comme La Fontaine ou
Villon se trouvent bien de ce voisinage. Les voilà enrôlés
dans le Royal-Déserteur, corps d'élite qui assure
la moitié de nos victoires.
Cette unité, cette permanence, cette
discipline de la littérature n'interdisent pas la curiosité.
En soulevant ces manches galonnées apparaissent des visages
très différents et le Dieu de l'Écriture
a vraiment pris les masques les plus étranges. Voici ces
visages, voici ces masques, quelque chose comme le bestiaire
de la littérature universelle, avec des notices qu'on
aurait aimé confier à M. de Buffon : « Le
Casanova appartient à l'espèce des aigles dont
il a l'envergure, mais il a plus d'impudence que de courage et
plus de vivacité que de force » ou bien :
« Le Vigny est un échassier de nos provinces
qui se nourrit de vase et de mélancolie ».
Ou encore : « L'Homère est un animal fabuleux
que les Grecs vénéraient. Il tenait du dragon,
du dauphin, du cheval et du phnix. »
Parfois, l'écriture est la vraie physionomie
de l'homme. Là, il dépouille son écorce
ingrate, un cur tendre s'avoue. Toutes ces mains courant
sur le papier depuis des siècles, sur la pierre depuis
des millénaires, donnent le sentiment d'un fil ininterrompu,
qui ne cassera pas. Tomberont les maisons et les murs, s'achèveront
les civilisations, un signe perceptible reliera toujours les
hommes entre eux ; et de même que Ronsard venait remplacer
du Bellay à sa table de travail, au milieu de la nuit,
une humanité, suivant l'autre, reprendra sa tâche.
Tâche qui con fi fie à survivre, à décrire,
à inventorier, à supplier, à consoler, à
redire, tâche inutile sur l'instant, et ne trouve son prix
que dans le désordre des siècles.
Du temps des grands Empires de sable et des
dieux géants, nous sont restées des pierres couvertes
de signes, dont nous avons appris le langage. Les petites briques
de la Pléiade sont ainsi jetées dans le monde pour
traverser les âges. Mais une seule vie, dans le fracas
des jours, réclame aussi des témoignages. Et Montaigne
qui fut à la guerre avec nous, et Retz qui fut la fièvre
de l'adolescence, et Proust qui nous permit de franchir les nuits,
et Balzac, et Dickens, et Platon, font aussi que nous aurons
reçu, entre ces signes, entre ces pages.
1962.
[BALZAC
(Honoré de)]. Album Balzac. Iconographie
réunie et commentée par Jean A. Ducourneau.
Paris, Gallimard, 1962. In-8° sous reliure, jaquette (au
nom de la librairie Jean Bonnel, à Maubeuge) et Rhodoïd
d'éditeur, VIII, [1], [1 bl.], 334, [7] p., (collection
« Albums de la Bibliothèque de la Pléiade »,
n° 1), exemplaire en très bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Ce
premier Album illustré de la collection la Pléiade
a été conçu à la manière d'un
film documentaire ou du moins, comme un film, il offre une succession
d'images empruntées à la vie et à l'uvre
de Balzac. Le texte, ici, n'a la valeur que d'un commentaire.
Notre intention n'a pas été d'illustrer une vie
de Balzac mais, au contraire, de commenter une iconographie balzacienne.
Cette iconographie s'est révélée
à la mesure de Balzac lui-même : prodigieuse.
Sur un ensemble de plus de huit cents documents qui
auraient pu être plus de mille nous en avons
reproduit quatre cent quatre-vingt-six. Le choix n'a pas été
la moindre de nos difficultés. Certaines séquences
de cette vie en images auraient pu être tout à fait
différentes et aussi fidèles à notre intention.
Parmi les lieux réels qui ont servi à Balzac pour
ses décors, ou les contemporains qu'il a utilisés
comme modèles de ses personnages, il a fallu faire un
choix. Nous l'avons fait en donnant la préférence
aux documents inédits ou moins connus. On trouvera ainsi
la ferme Gibary où se déroule un épisode
dramatique des Chouans, la rue du Val-Noble à Alençon
où se situe l'hôtel de la vieille fille, le vieux
quartier des Tuileries où demeure la cousine Bette. Mme
d'Agoult, George Sand, Listz, Gustave Planche s'offrent à
nos yeux comme les prototypes des personnages principaux de Béatrix,
tandis que la princesse Bagration, au visage si pur, sert de
modèle à la cruelle Foedora de la Peau de chagrin.
La famille, les amitiés masculines et féminines,
les « enfants », les éditeurs de
Balzac découvrent leurs visages et leurs secrets, beaucoup
de ces visages nous étaient inconnus. Les Balzac apprenti-tragédien
à la manière de Racine ou apprenti-romancier à
l'imitation de Radcliffe et de Walter Scott, imprimeur malheureux,
journaliste de l'opposition par conviction ou néo-légitimiste
par amour, romancier, correcteur redoutable d'une uvre
sans cesse remaniée, homme de théâtre dont
la scène ne voulut guère, grand voyageur qui parcourut
l'Europe en diligence, dessinateur occasionnel et non sans talent,
collectionneur naïf de bric-à-brac, propriétaire
et si fier d'acquitter le cens électoral, garde-national
malgré lui, dandy à la canne moins énorme
que célèbre, amoureux de marquises et de duchesses,
tous les Balzac nous apparaissent, dans leur grandeur et aussi
dans leur petitesse, car le génie a sa manière
à lui d'être, parfois, au-dessous du commun. Les
caricatures, les charges, les portraits sont aussi en grand nombre
et si différents qu'il se dégage de l'ensemble
plusieurs Balzac, comme si le modèle n'était pas
unique. La cafetière de Balzac ? Oui, que l'on se
rassure, elle n'a pas été omise. Mais elle fut,
sans aucun doute, le document le plus difficile à placer.
Balzac a bu tant de café, mais il semble qu'il n'ait eu
qu'une seule cafetière. Celle que lui a conservé
la légende.
Autour de tout cela et de lui-même, une
époque : le Romantisme. Époque de rébus,
si transparente et si proche de la nôtre par certains aspects.
Elle a ses modes, comme le diorama, ou ses inventions, comme
le daguerréotype. Homme de son temps, et du nôtre,
Balzac nous en fait percevoir les résonances à
travers son uvre.
Nous fera-t-on le reproche de n'avoir pas été
au-delà du lit mortuaire et de clore ce livre sur une
image que l'on peut croire triste ? Les funérailles,
la gloire posthume, les êtres chers qui restent et qui
vont vieillir, fallait-il montrer tout cela ? Nous n'avons
voulu pénétrer dans le cimetière du Père-Lachaise
qu'avec un Balzac jeune allant y chercher l'inspiration. Nous
laissons à d'autres fervents le soin de fleurir sa tombe.
La statue si laide de Falguière
et celle si puissante de Rodin n'auraient
rien ajouté au visage de Balzac que nous voulions évoquer
dans ces images. Après Balzac il ne peut y avoir rien
d'autre qu'une uvre immense. L'épouse tardive et
vieillissante ne nous intéresse plus dès lors que
son éternel fiancé est entré dans l'immortalité.
Mieux était donc de quitter Balzac ici, emportant la vision
de ses traits mortels que le peintre Giraud fixe pour la postérité.
1963.
[ZOLA
(Émile)]. Album Zola.
Iconographie réunie et commentée par Henri Mitterand
et Jean Vidal. Paris, Gallimard, 1963. In-8° sous
reliure, jaquette (imprimée pour la librairie Jean Bonnel,
à Maubeuge) et Rhodoïd d'éditeur, 318, [24] p.,
(collection « Album de la Pléiade »,
n° 2), pas d'étui, exemplaire en très
bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Nous
avons conçu cet ouvrage, à la manière de
l'Album Balzac, présenté par Jean-A. Ducourneau,
comme une iconographie commentée d'Émile Zola,
plutôt que comme une biographie illustrée.
L'Exposition du Cinquantenaire, que MM. Jean
Adhémar et Marcel Thomas organisèrent en 952, à
la Bibliothèque nationale, avait déjà montré
l'abondance des documents conservés dans les collections
privées et publiques.
Il nous a fallu, à notre tour, compulser
plus d'un millier de pièces, pour choisir les 470 images
qui se succèdent dans cet album. Les portraits de l'écrivain
que nous avons voulu nombreux se mêlent
aux illustrations qui ont pu servir de source à son uvre
ou au contraire trouver en elle leurs motifs, aux fac-similés
de textes manuscrits ou imprimés, à l'évocation
des épisodes de la vie politique, mondaine, intellectuelle,
artistique, auxquels Zola a pris part.
Le jeune visage émacié des années
60, qui a eu le privilège d'inspirer les deux plus grands
peintres français du siècle, Cézanne et
Manet, s'empâte après 1875, dans le confort tranquille
de Médan, et pour la commodité des caricaturistes
Ceux-ci marqueront un temps d'arrêt, devant le Zola aminci
de la cinquantaine, l'élégant président
de la Société des Gens de Lettres. Leur verve se
déchaînera de nouveau et avec quelle
complaisance dans la laideur ! au moment de
l'Affaire Dreyfus, qui nous vaut, d'autre part, les meilleurs
portraits de Zola que nous ayons gardés.
Nous avons fait une place à Alexandrine
et à Jeanne, ainsi qu'aux enfants, Denise et Jacques ;
et aussi aux amis, aux adversaires, aux contemporains qui ont
été mêlés à la vie de Zola,
qui ont peuplé les chroniques du journaliste ou servi
de modèles aux personnages du romancier.
Nous avons voulu évoquer, à leur
place chronologique, les sites qui ont défilé sous
les yeux de l'écrivain : Aix et la campagne aixoise,
le Quartier latin sous le Second Empire, la banlieue sud, de
Montrouge aux bois de Verrières, les bords de Seine à
Bennecourt, la rive gauche sans le boulevard Saint-Michel, la
rive droite sans l'Opéra, Montmartre sans le Sacré-Cur ;
puis, dans le Paris tout neuf du baron Haussmann, la place Clichy,
la Gare Saint-Lazare ; l'Exposition de 1878 et le Trocadéro,
celle de 1900 et la Tour Eiffel. Enfin la demeure de Médan,
l'intérieur bourgeois de la rue de Bruxelles, les images
de vacances et de l'exil.
Pour retrouver l'univers intime de l'écrivain,
il nous a suffi de puiser parmi les centaines de clichés
qu'il a pris lui-même. À partir de l'année
1888 où il s'initie à la pratique de cet art, Zola
ne cesse de photographier les choses et les visages qui l'entourent.
Portraits d'amis, scènes de famille, photos de voyage,
tableaux de Paris : les plaques au gélatino-bromure
nous restituent les regards que Zola vivant a jetés sur
les êtres qu'il aimait et le décor de son existence.
Ainsi s'ordonne, à la manière
d'un film, une suite d'images dont le déroulement permettra
peut-être de mieux déceler le dépôt
qu'ont laissé, dans la substance de l'uvre, la vie
de l'homme et celle de son siècle.
1964.
[HUGO
(Victor)]. Album Hugo. Iconographie
réunie et commentée par Martine Ecalle et
Violaine Lumbroso. Paris, Gallimard, 1964. In-8° sous
reliure, jaquette (au nom de la librairie Jean Bonnel, à
Maubeuge) et Rhodoïd d'éditeur, [10], 330, [20] p.,
(collection « Albums de la Bibliothèque de
la Pléiade », n° 3), exemplaire en bel
état.
Extrait de l'avertissement
:
Ce
troisième Album de la bibliothèque de la Pléiade
suit la voie tracée par Jean-A. Ducourneau et continuée
par Henri Mitterand et Jean Vidal. Après Balzac et Zola,
introduire Victor Hugo dans une collection iconographique était
opportun à un moment où le recul permet, dans des
perspectives nouvelles, l'examen d'une uvre immense étalée
sur presque tout le XIXe siècle. La succession des images
fait songer à un film ou, mieux, à une « exposition
de poche » dans laquelle les documents de vitrine
que sont manuscrits, éditions originales ou lettres, auraient
été complétés par la peinture et
par l'estampe.
Les trois grandes étapes de la vie du
poète, délimitées par lui-même, Avant
l'exil, Pendant l'exil, Depuis l'exil, sont d'abord jalonnées
par de nombreux portraits de lui, de sa famille, de son entourage :
peintures, dessins, lithographies d'une belle qualité
pendant la première moitié du siècle, mais
auxquels nous avons préféré ensuite des
images prises sur le vif, quand Charles Hugo et Auguste Vacquerie
se passionnaient pour ce nouveau procédé :
la photographie, images plus émouvantes et moins connues
que les clichés des photographes professionnels.
Parmi les événements historiques
du siècle nous avons dû nous limiter à ceux
qui concernent directement Hugo et ce sont, très vite,
les événements importants, pour un poète
qui s'était voulu attentif à son temps.
Autant que faire se peut nous avons donné
un visage à tous ceux, écrivains et artistes, qui
ont tenu une place dans la vie de Hugo. Ses demeures parisiennes
qui subsistent encore, nous les avons recherchées et les
plus intéressantes ont été photographiées.
Des estampes donnent une idée de celles qui ont disparu
et quelquefois de leur décor.
La beauté du graphisme des manuscrits
nous a souvent conduites à donner au lecteur, avec leur
reproduction, ce contact privilégié avec l'uvre.
Mais c'est volontairement que nous avons résisté
à la tentation de multiplier les dessins de Hugo. En dehors
des croquis de voyage et de quelques illustrations d'uvres
qui s'imposaient, nous ne faisons que quelques allusions à
la partie imaginaire et proprement créatrice de son uvre
dessiné.
De même que le manuscrit et le dessin
mettent le lecteur en contact avec l'uvre dans son jaillissement,
la correspondance, les mémoires, les témoignages
des contemporains font revivre l'événement ;
nous y avons eu recours le plus souvent possible comme nous avons
fréquemment laissé la parole à ce témoin
de choix que fut Mme Victor Hugo dans son irremplaçable
Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,
surtout à propos de la jeunesse du poète.
Notre tâche s'est trouvée singulièrement
facilitée par nos travaux quotidiens dans la maison qu'habita
Victor Hugo, place des Vosges, consacrée depuis plus de
soixante ans par la Ville de Paris au souvenir du poète
[...]. Il nous était aisé de faire un choix parmi
les collections réunies par Paul Meurice et accrues par
nos prédécesseurs : MM. Raymond Escholier
et Jean Sergent.
Les enrichissements considérables apportés
par les généreuses et récentes donations
des descendants de Victor Hugo, et particulièrement MM.
Jean et François Hugo et Mlle Marguerite Hugo, nous ont
fourni de nombreux documents souvent inédits.
Déjà grâce au don magnifique
qu'ils avaient fait à la Ville de Paris en 1927 de la
maison d'exil de Guernesey, il nous était facile d'évoquer
et de faire revivre pour nos lecteurs une période exceptionnellement
féconde de la vie du poète.
Les catalogues documentés des expositions
successives organisées ces dernières années
place des Vosges par M. Jean Sergent, déjà utiles
aux spécialistes par les nombreux documents inédits
qu'ils présentent, ont souvent orienté et facilité
nos recherches.
Mais nos démarches personnelles pour
essayer de renouveler une iconographie parfois trop connue ont
abouti à des découvertes dont nous sommes heureuses
d'offrir la primeur au lecteur.
180 euros (code de commande
: 24112).
1965.
[PROUST
(Marcel)]. Album Proust.
Iconographie réunie et commentée par Pierre
Clarac et André Ferré. Paris, Gallimard,
1965. In-8° sous reliure, jaquette (au nom de la librairie
Jean Bonnel, à Maubeuge) et Rhodoïd d'éditeur,
(manque) [10], 321, [21] p., (collection « Albums
de la Bibliothèque de la Pléiade »,
n° 4), pas d'étui, exemplaire en bel état.
Extrait de l'avertissement
:
D'autres
recueils d'iconographie proustienne ont précédé
celui-ci, et nous voulons d'abord rendre hommage à nos
devanciers. Dès janvier 1923, au lendemain de la mort
de Proust, le numéro de la Nouvelle Revue Française
qui lui était consacré contenait en hors-texte
douze illustrations, portraits de l'écrivain et reproductions
de pages tirées de ses manuscrits. Un véritable
album, qui fut en son temps une révélation, accompagnait
l'étude de Pierre Abraham éditée chez Rieder
en 1930. Parmi les publications plus récentes on doit
signaler, pour la qualité des images et le goût
avec lequel elles sont présentées, l'essai de M.
Claude Mauriac publié aux Éditions du Seuil dans
la collection « Écrivains de toujours »,
le recueil de M. Georges Cattaui qui comprendra deux tomes dont
le premier seul a paru, le numéro de la revue Point
intitulé Univers de Proust et le Monde de Proust
présenté par M. André Maurois.
Comme il était inévitable, bien
des gravures que nous reproduisons figuraient déjà
dans ces beaux ouvrages. On en trouvera pourtant ici plusieurs
qui sont inédites : pièces d'archives, portraits
de famille, croquis, brouillons, et même deux strophes
autographes sur Van Dyck composées pour Reynaldo Hahn.
Nous n'avions pas à écrire une
biographie de Marcel Proust, mais seulement à situer et
à commenter les images qui illustrent sa vie. Elles s'offraient
à nous assez nombreuses pour les années où
il s'est mêlé au monde, soucieux d'élargir
le cercle de ses relations, pèlerin passionné de
musées et d'églises romanes. Elles se font bien
plus rares lorsqu'il devient, dans sa chambre de malade, le prisonnier
de son uvre. Il est plus facile d'illustrer le Temps perdu
que le Temps retrouvé.
C'était d'ailleurs une idée chère
à Proust, et c'est l'un des thèmes de son roman,
que la vie extérieure d'un écrivain ne saurait
rien nous apprendre sur l'activité créatrice qui
se poursuit au profond de lui-même et dont les sollicitations
du dehors ne peuvent que troubler ou interrompre le cours. Du
moins avons-nous essayé d'évoquer non seulement
l'atmosphère de ses longues souffrances et de ses rares
joies, mais celle aussi du travail de son esprit. On trouvera
reproduit dans notre album quelques-uns des tableaux, des monuments,
des paysages dont le souvenir hantait son génie. En comparant
Illiers a Combray, le Loir a la Vivonne, le Pré Catelan
au parc de Tansonville, on entreverra le mystère de transfiguration
et d'enrichissement dont s'accompagnent les résurgences
de la mémoire involontaire.
Nous avons essayé aussi, en rapprochant
de quelques passages de son uvre des toiles de Renoir,
de Degas, de Claude Monet, de rendre sensibles les affinités
qui unissent l'inspiration de Marcel Proust à celle des
grands impressionnistes de son temps. L'objet de l'art, à
ses yeux, était d'atteindre « une réalité
cachée par une trace matérielle ». Nous
ne pouvions guère recueillir ici que des « traces
matérielles » d'une vie si ardente et si vite
brisée. Mais peut-être, par elles et au delà
d'elles, arrivera-t-on à surprendre quelques aspects de
son paysage intérieur.
Aller à la page Marcel
Proust.
1966.
[STENDHAL
(pseudonyme de Henri Beyle)]. Album
Stendhal. Iconographie réunie
et commentée par V. Del Litto. Paris, Gallimard,
1966. In-8° sous reliure, jaquette (imprimée
pour la librairie J. Bonnel, à Maubeuge), Rhodoïd
et étui d'éditeur, [8], 321, [19] p.,
(collection « Albums de la Bibliothèque de
la Pléiade », n° 5), bel exemplaire.
Extrait de l'avertissement
:
Plusieurs
des études biographiques consacrées à Stendhal
depuis une trentaine d'années sont accompagnées
d'une illustration plus ou moins sommaire et, en quelque sorte,
accessoire, depuis le Stendhal d'Alain paru chez Rieder
en 1935, et qui a constitué une nouveauté pour
l'époque, jusqu'à notre très récente
Vie de Stendhal (1965), en passant par le petit livre
île Claude Roy, Stendhal par lui-même (1951),
et l'ouvrage que tout stendhalien se doit de connaître,
Le Cur de Stendhal, par Henri Martineau.
Le seul recueil iconographique car
on ne peut qualifier de ce nom L'Iconographie de Stendhal
entrebâillée de Paul Guillemin (1916), stendhalien
passionné certes, mais candide et non préparé
à ce genre de travaux est celui d'Henry Débraye,
Stendhal. Documents iconographiques, publié en
1950 chez Cailler à Genève. En réalité,
il ne s'agit pas d'une véritable iconographie systématique,
mais simplement du catalogue illustré du Musée
Stendhal de Grenoble, dont l'auteur a été le conservateur
de 1938 à 1948. En effet, l'ouvrage reproduit avec
un classement rudimentaire et contestable : portraits et
faux portraits de Stendhal, portraits de ses amis et connaissances,
sites et paysages, fac-similés un certain
nombre de pièces de ce Musée, pièces dont
l'intérêt est fort inégal, les portraits
originaux et d'une inestimable valeur par Dedreux Dorcy et par
Lehmann voisinant avec de médiocres reproductions, d'anciennes
et mauvaises photographies, voire des cartes postales ;
il faut souligner aussi que les collections du Musée sont
loin d'être complètes.
Cet Album est donc le premier essai
d'iconographie stendhalienne proprement dite.
100 euros (code de commande
: Apl5)).
1967.
[RIMBAUD
(Arthur)]. Album Rimbaud.
Iconographie réunie et commentée par Henri Matarasso
et Pierre Petitfils. Paris, Gallimard, 1967. In-12 sous
reliure, jaquette, Rhodoïd et étui d'éditeur,
320 p., nombreuses illustrations, (collection « Album
de la Pléiade », n° 6), la jaquette
a été imprimée pour la Librairie des Arcades
à Bruxelles, exemplaire en parfait état.
Avertissement :
Après Balzac, Hugo, Zola, Proust et
Stendhal, ces Goliaths de la littérature, voici qu'entre
dans la série des Albums de la Pléiade le jeune
David-Rimbaud, qui n'eut qu'une petite fronde... Ces hautes figures
expriment leur siècle, leur uvre est le reflet de
la vie sociale, littéraire, politique, militaire, diplomatique,
mondaine du temps qu'ils vécurent. Ce sont des témoins.
Rimbaud ne rend témoignage que de lui-même
et s'il décrit un monde, c'est, dans les Illuminations,
celui, transfiguré par son génie, que nul homme
n'a jamais vu et ne verra jamais. Il a traversé le ciel
poétique ainsi qu'un météore qui se désintègre
au contact de l'atmosphère terrestre. La lumière
brille toujours dans son uvre, mais du météore
lui-même, que reste-t-il, sinon quelques poussières
éparses, retombées au hasard ? Ce sont ces
poussières qui, recueillies avec patience, emplissent
ce sixième Album, établi dans la ligne de ses devanciers.
Mallarmé a dit de Rimbaud qu'il fut
un « passant considérable ». C'est vrai,
mais il n'a été considérable et
considéré que longtemps après
être passé. De son vivant, si l'on excepte Paul
Verlaine et Léon Valade qui crurent à son génie,
personne n'aurait imaginé que cet insupportable gamin
pût devenir un jour l'un des dix premiers poètes
français du XIXe siècle.
En 1871-1872, plus célèbre au
Quartier latin par ses scandales que par son uvre, il avait
été mis à l'écart et oublié
par ses contemporains. La génération suivante,
vers 1885-1889, s'est souvenue du sonnet des Voyelles,
dont elle a fait un canular, mais l'auteur avait disparu comme
par enchantement, et les jeunes d'alors le distinguaient mal
de Mitrophane Crapoussin, le « Dada » de l'époque.
Heureusement Verlaine veillait, encore que
perclus et amoindri. Sans lui, ne disons pas que Rimbaud aurait
été moins connu, disons qu'il ne l'eût pas
été du tout. Jamais ses vers de jeunesse, jadis
donnés à Paul Demény, jamais les Illuminations,
demeurées entre les mains de Charles de Sivry, jamais
Une Saison en enfer, restée en souffrance dans
les greniers de l'éditeur Jacques Poot de Bruxelles, n'auraient
vu le jour.
En 1883, les « Poètes maudits
» de Verlaine ont suscité un vaste mouvement de
curiosité et de recherche. Alors les langues se sont déliées,
les témoignages ont afflué, les autographes et
les documents sont sortis de leurs cachettes.
Par bonheur, plusieurs témoins importants
dit poète vécurent assez âgés pour
traverser la zone d'ombre qui suivit sa mort et assister à
la naissance de sa célébrité. Si Georges
Izambard, son professeur, et Ernest Delahaye, son ami de toujours,
étaient décédés à cinquante
ans, nous ne connaîtrions rien de l'écolier et de
l'adolescent Rimbaud. Verlaine disparut assez jeune (52 ans),
mais du moins avait-il entièrement rempli sa tâche.
Après lui, Paterne Berrichon a poursuivi l'enquête,
qu'ont reprise d'innombrables chercheurs. Il n'est guère
d'années qu'on ne retrouve des textes ou des documents
que l'on croyait perdus : avant-hier, les pièces
du dossier de Bruxelles, hier, les vers de collège et
les dessins d'Ernest Delahaye, plus récemment, l'Album
zutique et, tout dernièrement, la correspondance avec
Alfred Ilg. L'essentiel a été sauvé. Mais,
sur le plan iconographique, que de lacunes ! Aucun portrait de
madame Rimbaud, rien du Capitaine, le père du poète,
presque rien de sa mur Isabelle et de son frère Frédéric.
Perdus, de nombreux dessins de Verlaine, de Delahaye, de Forain,
d'André Gill (de ce dernier un grand portrait de Rimbaud
à la proue du « bateau ivre » a disparu au
cours de la dernière guerre).
Pourtant, il est possible de raconter en images
la vie terrestre du poète. Cette forme, presque filmée,
à quelle autre vie conviendrait-elle mieux qu'à
celle, prodigieusement mouvementée, d'Arthur Rimbaud ?
Au surplus, la jalonner de documents authentiques
et d'évocations précises, c'est donner la biographie
la plus objective, c'est-à-dire la plus exacte qu'il se
puisse faire. La prolifération des exégèses
et des interprétations personnelles a voilé la
physionomie de Rimbaud. On a fait de lui une panoplie de mythes ;
un éminent professeur l'a montré et s'est amusé
à les détruire. C'est le poète dégagé
des bandelettes de la légende, le seul qui importe à
ceux qu'ont touchés ses vers d'or et sa prose de diamant,
qui revit en ces pages.
1968.
[ÉLUARD
(Paul)]. Album Éluard.
Iconographie réunie et commentée par Roger-Jean
Ségalat. Paris, Gallimard, 1968. In-8° sous reliure,
jaquette et Rhodoïd (un peu jauni) d'éditeur, [10],
322, [20] p., (collection « Albums de la Bibliothèque
de la Pléiade », n° 7), exemplaire en bel
état.
Avertissement :
Paul
Eluard est mort le 18 novembre 1952, voici seize ans. Il avait
bâti sa vie sur l'amitié, et ses amis ne l'ont pas
oublié, ils le racontent, ils chantent son nom et ses
poèmes, ils écrivent : « j'ai connu
Paul Éluard et il était ainsi. »
Je n'ai pas connu Paul Éluard et ceci
n'est donc pas un livre de l'amitié, j'ai essayé,
à l'aide de documents, de reconstituer sa vie ainsi qu'elle
transparaît à travers les images qu'il a laissées,
à travers son uvre, à travers les récits
de ceux qui l'ont approché, à travers les quelques
études qui existent sur lui ou sur le Surréalisme,
l'une des périodes les plus importantes et les plus mal
connues de notre histoire littéraire. Ce n'était
pas facile. Vue de l'extérieur, l'existence de Paul Éluard
est démesurée.
D'ici quelques dizaines d'années, l'Histoire
qui clarifie par l'oubli, aura simplifié cette vie. On
n'en saura que l'essentiel, ce que l'on sait de Verlaine ou de
Hugo. Aujourd'hui, Éluard est déjà trop
loin de nous pour que, dans la mémoire de ses contemporains,
son souvenir ne soit pas sublimé et infidèle ;
mais trop près de nous encore pour que les détails
d'une uvre et d'une vie trop remplies, les petits côtés
qui font qu'« il n'y a pas de grand homme pour son
valet », ne nous cachent pas une partie de l'essentiel.
Les quelques études mi-biographiques,
mi-littéraires concernant Paul Éluard ont été,
pour la plupart, écrites de son vivant ou immédiatement
après sa mort. Inspirées par l'amitié, elles
contiennent plus de bons sentiments que de faits précis.
Quelquefois Éluard les a personnellement corrigées
et a essayé de donner de lui-même, par le souci
bien naturel qu'ont les demi-dieux de préparer pour la
postérité leur propre histoire idéale, une
image simplifiée ou conventionnelle.
J'ai suivi, pour l'enfance et l'adolescence
du poète, les notes et commentaires de Robert Valette
dans son édition critique des Lettres de jeunesse ;
pour la période Dada et le Surréalisme, l'admirable
Dada à Paris de Michel Sanouillet et l'Histoire
du Surréalisme de Maurice Nadeau. Les études
de Claude Roy et de Lucien Scheler m'ont fourni les éléments
relatifs à la vie d'Éluard pendant et après
la dernière guerre. La biographie et surtout la bibliographie
qui Lucien Scheler a composées pour l'édition des
uvres poétiques d'Éluard dans la Pléiade,
et qu'il a bien voulu me communiquer, m'ont été
très précieuses.
La plus grande partie des documents contenus
dans cet album provient soit des albums personnels de Paul Éluard,
soit du musée de Saint-Denis où Mme Banaigs, conservateur,
a patiemment réuni les images et les objets qui touchaient
au poète. Le catalogue de l'Exposition Éluard à
Saint-Denis reste d'ailleurs, malgré quelques erreurs,
l'instrument de travail indispensable à toute iconographie
éluardienne. Enfin, la dernière part de ces images
m'a été communiquée par les compagnons et
les amis de Paul Éluard. Et je veux dire ici mm amitié
et ma profonde gratitude à toutes celles et à tous
ceux qui ont fait que ce livre existe : à Dominique
Éluard ; à Mme Cécile Éluard-Valette ;
à Mme Valentine Hugo ; à Mme Jacqueline Trutat ;
à Line Duhème ; à Diane de Riaz ; à
Sir Roland Penrose ; à Lucien Scheler et Jean Hugues ;
à P. A. Martin ; à René Char, Jean Marcenac,
André Frénaud, Louis Aragon et Claude Roy ; au
docteur Lucien Bonnafé ; à Yvonne et Christian
Zervos ; à Man Ray ; à Marcel Roques ; à
MM. Chapon et Gilet.
1969.
[SAINT-SIMON
(Louis de Rouvroy, duc de)].
Album Saint-Simon. Iconographie réunie et
commentée par Georges Poisson. Paris, Gallimard,
1969. In-12 sous reliure souple, jaquette imprimée pour
la Librairie Giard à Valenciennes, Rhodoïd et étui
en carton d'éditeur, [8], 323, [12] p., (collection
« Album de la Pléiade », n°
8), exemplaire en très bonne condition.
Extrait de l'avertissement
:
On
ne trouve dans Saint-Simon que ce qu'il a bien voulu y mettre.
Cet homme qui, soixante ans durant, a passionnément regardé
autour de lui, y a surtout vu des caractères et des situations
politiques, et, s'il a complaisamment décrit son attitude,
il s'est rarement regardé vivre lui-même. De sa
famille, nous connaissons surtout les origines et les honneurs.
Sans doute ne pourra-t-on lui reprocher d'avoir tracé
un portrait de son pire plus flatté que celui des contemporains,
mais on aurait aimé en savoir davantage sur sa mère,
devant qui il semble avoir tremblé cinquante ans durant.
S'il laisse transparaître la tendresse qu'il voua à
son épouse, il ne songe pas à nous en tracer le
portrait. Peu de chose sur ses fils, et pratiquement rien sur
sa fille. Même un beau-frère aussi attachant que
Lauzun n'a pas dans les Mémoires la place qu'il
mériterait.
Il est aussi peu loquace au sujet de ses logis :
s'il nous décrit son appartement de Versailles ou nous
permet de localiser celui de Fontainebleau, c'est que ces logements
jouaient leur rôle dans la bataille qu'il a livrée
toute sa vie, mais il ne fait aucune allusion à son propre
hôtel versaillais, où il vécut trente ans
durant. Lorsque le duc se voit logé à Meudon, nous
devinons sa satisfaction d'y succéder à la « cabale »
qui l'avait chansonné, mais il ne lui vient pas à
l'idée de nous le décrire. Quant au château
de La Ferté-Vidame, un dessin ancien nous renseigne mieux
sur lui que les brèves allusions qu'y fait son seigneur.
D'ailleurs, nous ignorons tout du Saint-Simon châtelain :
les revenus à toucher, les fondations pour les pauvres,
les dons aux églises du Perche, de tout cela il n'a jamais
parlé, pas plus qu'il ne mentionne, bien souvent, les
lieux on il fut reçu. Aujourd'hui encore nous ne pouvons
dire s'il vint à Chantilly, à Choisy-le-Roi, à
Villeroy, au Louvre même.
On se tromperait cependant si on jugeait Saint-Simon
indifférent au décor : pendant son voyage
d'Espagne, il lui porte attention, mais il y voit davantage un
cadre pour les passions humaines qu'une uvre à juger
pour elle-même. En cela, il ressemble à bien des
touristes modernes.
C'est dire que nous avons sans doute rencontré
dans la préparation de cet ouvrage, le premier consacré
à un écrivain du XVIIe, des difficultés
supérieures à celles résolues par les auteurs
des précédents albums, car aux problèmes
nés du caractère de Saint-Simon s'ajoutent ceux
propres à tonte étude sur cette époque.
Nous avons été particulièrement frappés
par la rareté des documents conservés. Toute notre
connaissance iconographique de la vie de Versailles à
cette époque repose sur quelques gravures et tableaux.
La disposition intérieure du château ne nous est
connue que par des plans reconstitués, et cet emploi du
temps de la Cour, si décrit, nous est, visuellement, pratiquement
inconnu. Les décors mêmes où vécut
Saint-Simon ont en majeure partie disparu. De la chapelle on
il fut baptisé, de ses appartements de Versailles et de
Fontainebleau, ne restent que les emplacements. Disparus, les
décors des entretiens avec le duc de Bourgogne ou des
conseils du Palais-Royal. Le Cabinet du roi a changé d'aspect,
Marly n'est plus qu'un fantôme et La Ferté-Vidame
est partie pour le paradis des archéologues.
On est frappé aussi de la perte définitive
de ces objets qui tinrent une telle place dans la vie nobiliaire
de l'époque, et en particulier dans celle de Saint-Simon :
impossible aujourd'hui de trouver un justaucorps à brevet,
un « bonnet » de président au parlement,
un « carreau » pour s'agenouiller. Versailles
ne possède pas un tabouret de duchesse antérieur
au XVIIIe siècle, et le musée de l'Armée
n'a conservé qu'un bâton de maréchal de l'époque.
On ne s'étonnera donc pas de voir cet
album comporter une bonne part de portraits. Nous avons cependant
tenu à ne représenter que les personnages ayant
directement participé à la vie de notre duc et
les événements qui ont impérieusement marqué
son existence.
Le domaine des effigies de notre héros
nous était lui aussi presque fermé. Il n'existe
de Saint-Simon que deux portraits, qui encadrent sa vie publique.
Cette indigence iconographique symbolise bien le peu d'importance
politique ou mondaine d'un homme qui, on l'eût bien scandalisé
en le lui révélant, était surtout un écrivain.
Ainsi avons-nous tenté de suivre Saint-Simon
pas à pas au cours de sa vie passionnante et passionnée,
en cherchant à présenter de nombreux documents
inédits.
1970.
Album
Théâtre classique. La
vie théâtrale sous Louis XIII et Louis XIV. Iconographie réunie et commentée
par Sylvie Chevalley. Paris, Gallimard, 1970. In-8°
sous reliure, jaquette et Rhodoïd (un peu jauni) d'éditeur,
[10], 325, [17] p., (collection « Albums de la
Bibliothèque de la Pléiade », n°
9), exemplaire en bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Théâtre
classique : Corneille, Molière, Racine. Des valeurs
sûres, reconnues, respectées, mais dévitalisées
et qui semblent avoir perdu leur saveur de nouveauté et
leur pouvoir d'émerveillement. L'accoutumance rend insensible
et aveugle. Pas de meilleur remède à l'admiration
indifférente que l'on porte aux trois grands maîtres
de l'âge classique que de pénétrer dans le
monde du théâtre sous Louis XIII et Louis XIV,
de mesurer le chemin parcouru depuis les grossières farces
qui font rire la populace et le bon roi Henri jusqu'aux chefs-d'uvre
semés à profusion, d'année en année,
sous les pas de Louis XIV.
Lorsque Molière, Corneille et Racine
disparaissent, leurs pièces illuminent la scène
de la jeune Comédie-française et servent de modèles
à une nouvelle génération. Le public, qui
a goûté aux grandes uvres, exige désormais
des auteurs non certes le génie, qui est un don des dieux,
mais une certaine qualité de talent, du métier
et du goût. Après Pierre Corneille, il y a Thomas
Corneille ; après Molière, Regnard, Dufresny
et Dancourt ; après Racine, La Grange-Chancel et
Crébillon.
Suivre d'année en année, de jour
en jour, l'aventure théâtrale est une expérience
instructive. Il apparaît soudain avec force que Corneille,
Molière, Racine furent d'abord des auteurs inconnus, qu'ils
durent se frayer parfois difficilement
un chemin parmi leurs contemporains, qu'ils eurent à combattre,
et que, vainqueurs aux yeux de la postérité, s'ils
connurent des soirs triomphants, ils subirent aussi ces échecs,
cette désaffection, plus amers aux grands écrivains
que ne leur est enivrante la victoire. Pertharite tomba,
le Misanthrope ne réussit pas, la Phèdre
de Pradon l'emporta sur celle de Racine...
Mais quelle époque pour l'amateur de
théâtre que celle où en l'espace d'une année
il peut assister à la création de trois ou quatre
chefs-d'uvre, Polyeucte, La Mort de Pompée
et Le Menteur, Amphitryon, George Dandin,
L'Avare et Les Plaideurs, Tartuffe et Andromaque,
Le Bourgeois gentilhomme et Bérénice !
Car
le théâtre n'est pas que littérature. Écrite,
la pièce n'est pas encore née. Ce sont les acteurs
qui lui donnent la vie et le public qui la révèle
dans sa vérité. Du manuscrit aux chandelles de
la rampe est mise en uvre une alchimie complexe, susceptible
de déterminer le succès momentané
d'une mauvaise pièce, ou l'échec d'un chef-d'uvre.
Auteurs et comédiens, souvent divisés par des querelles
d'argent, sont étroitement liés par un objectif
commun : plaire. Corneille écrit pour Montdory, puis
Floridor, Molière pour lui-même et pour ses compagnons,
Racine pour la Du Parc et la Champmeslé. Chaque troupe
a ses auteurs attitrés, ses vedettes, ses décorateurs.
Entre le théâtre du Marais, l'Hôtel de Bourgogne
et le Théâtre du Palais-Royal se livre une guerre
où sont donnés bien des coups bas.
La faveur des grands, qui signifie prestige
et aide matérielle est, heureusement, acquise aux gens
de théâtre. Richelieu et Mazarin trouvent leur meilleur
délassement dans le spectacle, et l'architecture, la machinerie
et la décoration théâtrales atteignent sous
leur impulsion, un niveau technique élevé. Le jeune
Roi est passionné de danse et de musique ; pour lui,
Molière conçoit ses incomparables comédies-ballets
et grâce à lui il obtient les moyens de les produire
avec splendeur. La dévotion même du Roi vieilli
sert le théâtre en ramenant Racine à la scène
avec ses tragédies sacrées.
Dans cet Album où Corneille, Molière
et Racine occupent les cimes, la forêt tient une grande
place. Bien des auteurs sont cités, ignorés des
livres de littérature, bien des comédiens, vers
qui ne monte plus le « brouhaha » du succès.
Tous eurent leur heure ; tous participèrent, parfois
très utilement, à la riche vie théâtrale
du XVIIe siècle, et jouèrent leur rôle dans
cette bataille exaltante chaque soir recommencée dont
le théâtre est le champ. À travers 525 images
et documents dont un grand nombre sont inédits, j'ai tenté
de faire revivre leurs travaux et leurs peines, leurs échecs
et leurs triomphes.
60 euros (code de commande
: 24098*).
1971.
Album
Apollinaire. Iconographie
réunie et commentée par Pierre-Marcel Adéma
et Michel Décaudin. Paris, Gallimard, 1971. In-8°
sous jaquette et Rhodoïd d'éditeur, 315, [5] p.,
nombreuses illustrations, (collection « Albums de
la Pléiade », n° 10), exemplaire en très
bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Max
Jacob prétendait qu'on appellerait son époque le
« siècle Apollinaire ». Le fait
est qu'on peut difficilement évoquer les années
1900-1920 sans rencontrer à chaque instant l'auteur d'Alcools
et des Peintres cubistes.
La vie même d'Apollinaire compose un
étonnant album de cartes postales, où se succèdent
les images d'une Europe qui sombra dans le grand conflit de 1914
et qui, de la Rome de 1880, nous conduisent au Paris de l'avant-guerre
et de la guerre, en passant par la Côte d'Azur, la Belgique,
la Hollande, l'Angleterre, l'Allemagne, la Bohême et l'Autriche.
Européen, il l'était par le sang,
né d'un père italien et d'une mère polonaise ;
il l'était également par ses amitiés, ses
goûts, ses curiosités, ses préoccupations.
Mais il fut avant toute chose un écrivain français
et, plus encore, parisien.
Poète éclos dans le symbolisme
finissant, il a traversé toutes les écoles qui
proliféraient en ce début de siècle, jusqu'à
l'avant-garde dont il sut épouser et souvent orienter
les formes diverses. Il a fréquenté les dernières
tavernes littéraires du Quartier latin, pris ses habitudes
dans les ateliers de Montmartre et en premier lieu au Bateau-Lavoir,
participé à la naissance de Montparnasse et de
Saint-Germain-des-Prés, côtoyé tout ce qui
comptait dans son temps.
Amateur de peinture et critique d'art, il a
été l'ami, parmi beaucoup d'autres, de Derain,
de Dufy, de Braque, de Picasso, de Delaunay, de Picabia, et il
a, mieux sans doute qu'aucun des contemporains, reconnu la nature
et l'importance de la révolution qui s'opérait
autour du cubisme.
Dans son métier de journaliste comme
dans ses travaux de librairie, il s'est toujours montré
un incomparable fureteur, à l'affût des sujets les
plus variés et les plus insolites. Il s'intéresse
à la question des langues artificielles comme à
celle du cléricalisme en Allemagne, et l'on sait quel
éditeur il fut des auteurs du second rayon, à commencer
par Sade qu'il contribua à faire connaître au début
de ce siècle.
Et quand il voulut prendre sa part de la guerre,
comme artilleur puis comme officier d'infanterie, il se lança
dans l'aventure avec la soif de connaître une expérience
nouvelle et d'ouvrir à sa poésie un domaine encore
inexploré.
Car son uvre est inséparable de
sa vie. Elle est faite de ses joies et de ses angoisses, de ses
rencontres, de l'amitié et de l'amour : le monde
de l'imaginaire et de la création artistique n'est pas
distinct pour lui du monde réel, il en est le prolongement
et, pour ainsi dire, l'efflorescence.
À Henri Martineau qui avait vu dans
l'auteur d'Alcools « un passionnant brocanteur »,
Apollinaire avait répondu en ces termes :
« Je suis comme ces marins qui dans les
ports passent leur temps au bord de la mer, qui amène
tant de choses imprévues, où les spectacles sont
toujours neufs et ne lassent point, mais brocanteur me paraît
un qualificatif très injuste pour un poète qui
a écrit un si petit nombre de pièces dans le long
espace à quinze ans. »
Cet album a l'ambition de ressembler à
l'image qu'Apollinaire trace ainsi de lui-même.
1972.
[FLAUBERT
(Gustave)]. Album Flaubert. Iconographie
réunie et commentée par Jean Bruneau et
Jean A. Ducourneau. Paris, Gallimard, 1972. In-8°
sous reliure, jaquette et Rhodoïd d'éditeur, 219,
[5] p., (collection « Albums de la Bibliothèque
de la Pléiade », n° 11), exemplaire en
bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Le
document, base de la recherche, se situe aux sources de l'histoire
littéraire. L'image iconographie
prolonge la notion de recherche vers la biographie, mêlée
souvent elle-même à l'uvre du romancier. Chez
certains auteurs comme Balzac, Proust, Zola ou Hugo dont l'uvre
est immense, l'iconographie est quasi inépuisable. Pour
Flaubert dont l'uvre est plus limitée dans le nombre,
l'image est moins riche.
Mais si l'iconographie flaubertienne n'a pas
la même richesse que celle d'autres auteurs, Flaubert en
est sans doute le premier responsable. Au peu de goût pour
la contemplation physique de sa personne, il ajoutait une véritable
aversion pour l'interprétation graphique de son uvre,
qu'il considérait comme une trahison à sa pensée.
Cette exigence nous prive de la vision contemporaine d'Emma Bovary
ou de Mme Arnoux par un grand artiste, à la manière
de Daumier nous restituant le père Goriot, Ferragus ou
Vautrin.
De plus cette iconographie se trouve amputée
de certaines images, souvent très connues, que d'aucuns
s'étonneront de ne pas rencontrer au cours de ces pages.
Aux paysages que la légende tenace rattache à la
genèse de Madame Bovary, villages de Ry ou de Forges-les-Eaux,
nous avons substitué le plan linéaire du village
imaginaire tracé de la main même de Flaubert. [...]
Il est peu d'iconographies de grands hommes
qui, comme celle et Flaubert, laissent perplexe le chercheur ;
peu qui réunissent autant de copies de copie plus ou moins
authentique, de contretypes ou même de faux. D'un portrait
de Flaubert enfant dont l'orignal a disparu, on rencontre deux
copies qui ne sont pas semblables. À la place d'un portrait
véritable de Cléophas Flaubert, a été
parfois reproduite une copie partielle de médiocre facture.
Si dans cette galerie nous avons fait une place au portrait,
inconnu jusqu'à ce jour, d'un Flaubert « négligé »,
qui ne nous satisfait pas tout à fait, c'est que la dédicace
: « À Gustave Flaubert », tracée
par le peintre non identifié, nous a semblé ne
laisser aucun doute sur le modèle. Mais nous souhaitons
qu'un historien d'art se penche sur l'étude de ce tableau
et en identifie avec certitude l'artiste.
70 euros (code de commande
: Apl11).
1973.
[SAND
(George)]. Album Sand. Iconographie
réunie et commentée par Georges Lubin. Paris,
Gallimard, 1973. In-12 sous reliure, jaquette, Rhodoïd et
étui d'éditeur, 249 p., nombreuses illustrations,
(collection « Album de la Pléiade »,
n° 12), on joint une carte de la librairie Robert Marin
à Paris, exemplaire à l'état de neuf.
Avertissement :
L'iconographie de George Sand est considérable,
et les documents qui figurent ici n'en représentent qu'une
partie. Le plus difficile n'était donc pas de rassembler,
mais de choisir, et par conséquent de sacrifier. Nombreux
sont les artistes, travaillant d'après nature, grâce
auxquels nous connaissons l'aspect physique de la romancière
dans sa jeunesse et sa maturité, aux temps où la
photographie n'était pas inventée. Nous avons retenu
presque tous les portraits indiscutables, ceux que nous ont laissés
Delacroix, David d'Angers, Calamatta, Auguste Charpentier, Clésinger,
Thomas Couture, Charles Marchai, Alexandre Manceau, et bien entendu
Maurice Sand, sans négliger ceux dont nous sommes redevables
à de talentueux amateurs qui s'appelaient Alfred de Musset,
Pauline Viardot, Tony Faivre et... George Sand elle-même,
qui, ne s'étant jamais flattée, ne saurait être
récusée pour cause de partialité.
Question : Le lecteur, à confronter
ces multiples effigies (qui souvent diffèrent de l'une
à l'autre, parfois beaucoup), comprendra-t-il, ou contestera-t-il,
le pouvoir de séduction d'une femme qu'ont aimée
Musset, Chopin et quelques autres qui ne passaient pas pour aveugles ?
Il est de bon ton aujourd'hui, dans certains milieux, de tout
refuser à George Sand : le génie, le talent, la
sincérité des opinions et jusqu'à la beauté.
Alors qu'un des peintres cités plus haut lui trouvait
« la plus admirable tête qu'on puisse voir »,
alors que Musset, après la séparation, écrivait
à son ami Tattet : « C'est encore la femme la plus
femme que j'aie jamais connue », alors que, vers 1870,
Zola, qui ne lui était pas précisément favorable,
notait en la voyant « une largeur de traits et des yeux
magnifiques qui lui donnaient un caractère de beauté
énergique et tranquille » (et cependant, à
l'époque, la soixantaine était largement sonnée).
Quant à elle, on sait qu'elle a écrit dans Histoire
de ma vie : « Je n'eus qu'un instant de fraîcheur
et jamais de beauté », ajoutant qu'elle se trouvait
« l'air bête ». Ce qui faisait se récrier
Hortense Allart : « On n'est pas plus modeste, on ne peut
moins se faire valoir... mais qui nous la rendra belle comme
elle était lors des commencements de Mérimée
? »
Nous avons retenu aussi quelques-uns des innombrables
portraits dus à des artistes qui, ne pouvant avoir le
modèle sous les jeux, se sont inspirés de portraits
authentiques pour multiplier l'image d'un auteur qui a excité
pendant plus d'un siècle une infatigable curiosité
pour sa vie agitée autant que pour son uvre. La
demande du public devait être importante, car ces effigies,
parfois assez peu ressemblantes, ont pullulé, et nous
ne pouvions en donner qu'un choix limité. Bien entendu,
nous n'avons pas manqué de faire place aux charges et
caricatures, dont les plus mauvaises ne sont pas celles où
George Sand s'est elle-même spirituellement croquée,
sans indulgence. Quant aux photographies, cette manière
de représenter l'être humain ne pouvait venir qu'assez
tard dans la vie des écrivains romantiques, et c'est une
femme vieillie qu'elles nous montrent en général.
Nous n'avons pas voulu éliminer même les moins flatteuses,
qui la représentent de façon réaliste dans
ses mauvais jours : comme beaucoup de gens, sans doute n'était-elle
pas photogénique à toute heure, et, à côté
de certaines épreuves très belles de Nadar ou de
Verdot, il en est d'autres qui n'inspirent pas l'admiration.
Un témoin bien doué existait
dans la famille : Maurice, qui vivait, semble-t-il, le crayon
à la main car il a laissé des milliers de croquis.
Aussi lui avons-nous fait la part belle, pour illustrer nombre
d'événements de la vie de sa mère, en particulier
ses voyages. En majorité inédits, ces documents,
même quand leur qualité artistique n'est pas évidente,
nous ont paru plus précieux que des illustrations plus
raffinées mais moins intimement liées au sujet.
Le même souci d'authenticité nous
a conduit à préférer, pour les représentations
des châteaux et paysages du Berry qui ont souvent servi
de décors aux romans de George Sand, les dessins d'Isidore
Meyer, tirés des Esquisses pittoresques sur le département
de l'Indre, ouvrage dont la première édition,
remontant à 1840, est tout à fait contemporaine
de George Sand.
Les domiciles parisiens sont la partie la plus
décevante de notre iconographie : certains ont disparu,
comme la maison du quai Saint-Michel et les pavillons de la rue
Pigalle. D'autres ne présentent que des façades
peu évocatrices, que l'étroitesse des rues ne permet
pas toujours de prendre sous un angle favorable. Il devient notamment
impossible de photographier les entrées d'immeubles, à
cause des autos en stationnement, cette plaie des temps modernes.
Grâce à des albums soigneusement
conservés dans la famille Sand, puis légués
à la bibliothèque historique de la ville de Paris,
nous avons été en mesure de révéler
de nombreux visages d'amis et de correspondants de George Sand,
des illustres comme des obscurs. Certaines de ces photographies
sont publiées pour la première fois.
1974.
Album
Baudelaire. Iconographie réunie et commentée
par Claude Pichois. Paris, Gallimard, 1974. In-8°
sous reliure, jaquette et Rhodoïd, 315, [5] p., très
nombreuses illustrations, (collection « Album de la
Pléiade », n° 13), exemplaire en très
bel état.
Avertissement :
L'iconographie
de Charles Baudelaire a déjà été
réunie plusieurs fois, en dernier lieu dans un volume
procuré par François Ruchon, qui avait bénéficié
des conseils de Jacques Crépet, et par nous-même
dans un volume de la collection « Visages d'hommes
célèbres » publiée chez Pierre
Cailler (1960). La présente réunion tient évidemment
compte des progrès qui ont été accomplis
depuis lors dans la connaissance de la vie et de l'uvre
de Baudelaire.
La documentation n'est pas surabondante, si,
comme ce fut notre intention, on ne la veut pas oiseuse, se ramifiant
dans les marges. Aux yeux de ses contemporains, Baudelaire ne
fut ni Victor Hugo, ni George Sand, ni même Gustave Flaubert.
Mais en ce qui concerne les propres images
du poète, son iconographie offre par rapport aux autres
un caractère particulier. De ses portraits : dessins,
peintures, gravures, photographies, Baudelaire est, chaque fois
qu'il le peut, le collaborateur, s'il n'en est pas l'auteur.
De son portrait peint par Émile Dercy comme des photographies
prises par Nadar, Carjat et Nejt, il faut imaginer qu'ils ont
été concertés avec les artistes : cadrage,
attitude, expression. Et lorsque Bracquemond ne parvient pas
à donner du modèle un portrait satisfaisant, Baudelaire
le guide ou le supplée par ses propres dessins.
Depuis sa prime jeunesse, il a pour les arts
plastiques un goût passionné, qu'a encouragé
son père. Il a des connaissances techniques, obtenues
en fréquentant les ateliers. Et la nature l'a doué
d'un talent graphique, sans être aussi prodigue peut-être
qu'elle le fut à l'égard de Victor Hugo, de Paul
Valéry et de Jean Cocteau. Le crayon qui dessine la jambe
de la Fanfarlo, la plume qui raille l'idéal d'Asselineau
ou celui de Chenavard sont de première qualité,
comme celle qui cherche dans les autoportraits l'adéquation
de l'esprit et de son reflet charnel.
Dessin, gravure, peinture : on sait que Baudelaire
refusait à la photographie le statut des beaux-arts. Cependant,
sa diatribe du Salon de 1859, dictée par ses préférences
de jeunesse comme par sa crainte et sa haine du progrès,
réhabilite « l'industrie photographique »
en un point : « Qu'elle sauve de l'oubli les
ruines pendantes, les livres, les estampes et les manuscrits
que le temps dévore, les choses précieuses dont
la forme va disparaître et qui demandent une place dans
les archives de notre mémoire, elle sera remerciée
et applaudie. »
Les choses précieuses. Les êtres
aussi. Tout à la fin de sa vie lucide, voici que dans
sa solitude bruxelloise, s'ennuyant « mortellement »
(il dit trop bien !), il se remémore les rares mois
agréables de son enfance, ceux qui séparent la
mort de son père de l'intervention du futur beau-père
dans sa vie affective. Alors, et c'est l'avant-veille de la Noël
1865, il adresse à Mme Aupick cette prière :
« Je voudrais bien avoir ton portrait.
C'est une idée qui s'est emparée de moi. Il y a
un excellent photographe an Havre. Mais je crains bien que cela
ne soit pas possible maintenant. Il faudrait que je fusse présent.
Tu ne t'y connais pas, et tous les photographes, même excellents,
ont des manies ridicules ; ils prennent pour une bonne image
une image où toutes les verrues, toutes les rides, fous
les défauts, toutes les trivialités du visage sont
rendus très visibles, très exagérés ;
plus l'image est dure, plus ils sont contents. De plus,
je voudrais que le visage eût au moins la dimension d'un
ou deux pouces. Il n'y a guère qu'à Paris qu'on
sache faire ce que je désire, c'est-à-dire un portrait
exact, mais ayant le flou d'un dessin. Enfin, nous y penserons,
n'est-ce pas ? » La photographie a donc droit
au purgatoire, pour peu qu'elle échappe à l'enfer
du réalisme.
Mais de Mme Aupick nous n'aurons jamais, peut-être,
que cette pauvre silhouette indiscernable sur le perron de la
Maison-joujou. Et dit père de Baudelaire qu'une image
contestée. En regard des portraits du général
Aupick... Faut-il croire que le destin familial de Baudelaire,
tout son destin, est ainsi figuré dans une galerie de
portraits où l'indiscernable se mêle au trop présent ?
Du moins ces archives de notre mémoire
sont-elles riches d'une section des plus belles et des plus émouvantes
: les photographies de Baudelaire lui-même. Dans la mesure
et sans aucun doute elle est grande où
il a dirigé l'objectif, elles ajoutent une dimension à
son uvre.
1975.
[DOSTOÏEVSKI
(Fiodor Mikhaïlovitch)]. Album Dostoïevski. Iconographie
réunie et commentée par Gustave Aucouturier
et Claude Menuet. Paris, Gallimard, 1975. In-8° sous
reliure, jaquette et Rhodoïd (dos jauni), 379, [5] p., très
nombreuses illustrations, (collection « Album de la
Pléiade », n° 14), exemplaire en très
bel état.
Note de l'éditeur
:
Il
est assez étrange que, depuis bientôt cent ans que
Dostoïevski est mort, les pays occidentaux (disons :
tous les pays hormis l'U.R.S.S.) continuent de n'avoir à
leur disposition, en matière d'iconographie, qu'une cinquantaine
de documents toujours les mêmes. Sans doute
convient-il de savoir que certains manuscrits de l'écrivain
ont été saisis par la police, que Dostoïevski
en a détruit lui-même d'autres à une époque
où il pouvait craindre, non sans raison (à l'occasion
de son retour en Russie en 1871), d'être l'objet d'une
fouille aux frontières : c'est ainsi qu'il brûla
les manuscrits de L'Idiot, de L'Éternel Mari
et des Démons. En outre, d'autres manuscrits ou
documents ont pu disparaître dans la tourmente révolutionnaire.
Enfin, nous ne possédons rien on presque des quatre années
passées au bagne et durant lesquelles Dostoïevski
(qui n'avait comme livre à sa disposition qu'un exemplaire
de la Bible) se limita à prendre les notes de ses carnets
sibériens.
Il est surprenant, par exemple, que nous possédions
si peu de portraits de Dostoïevski jeune : rien jusqu'à
l'âge de vingt-six ans, alors que nous disposons des portraits
du père, de la mère, des grands-parents, des oncle
et tante, d'une domestique même. Puis, de nouveau, aucun
autre témoignage de l'apparence physique de l'écrivain
jusqu'en 1858 : Dostoïevski a trente-sept ans, il fait
son service militaire ; on le voit photographié dans
son uniforme de sous-officier. Enfin, au début des années
60, et jusqu'à sa mort, Dostoïevski se fera représenter
assez souvent, quelquefois le même jour dans des poses
différentes. (À cette époque, la photographie
se répand comme une mode dans la plupart des pays d'Europe.)
À ce jour, la plupart de ces documents
étaient demeurés soit inédits, soit peu
accessibles aux lecteurs de l'écrivain, qui ne connaissaient
de lui tant il a été souventes fois
reproduit, mais en noir seulement que le beau portrait
commandé en 1872 par le mécène Trétiakov
à Basile Piérov.
Or, les Soviétiques ont entrepris il
y a quelques années la publication de L'Héritage
littéraire de Dostoïevski, dont les volumes reproduisent
quantité de documents : brouillons, pages de manuscrits,
journaux et revues, lieux où a séjourné
Dostoïevski, ainsi que de nombreux portraits de l'écrivain,
de son entourage ainsi que de ses contemporains.
C'est cette iconographie exceptionnellement
riche que les Soviétiques ont bien voulu mettre à
notre disposition en en réservant la primeur à
la France (et aux éditions Gallimard).
Répondant à l'invitation qui
lui en a été faite par l'Institut de la Littérature
mondiale, Claude Menuet s'est rendu en U.R.S.S. Tant à
Moscou qu'à Leningrad, il s'est entretenu longuement avec
les conservateurs des musées de ces villes, et il a pu
également travailler à la bibliothèque Lénine
où sont conservés, entre autres, le manuscrit des
Frères Karamazov ainsi que les carnets de l'écrivain.
Claude Menuet a pu en outre, grâce aux indications précises
qui lui ont été fournies sur place, reconstituer
dans Pétersbourg l'itinéraire de personnages dostoïevskiens
comme Raskolnikov et son trajet entre son domicile et celui de
l'usurière qu'il va assassiner.
Au surplus, nous avons pu, grâce à
l'obligeance de Mme Lily Denis, nous procurer des documents inédits
en provenance de Sibérie et concernant le premier mariage
de Dostoïevski.
Aussi, la qualité, la richesse et l'importance
de cette iconographie n'échapperont, sans doute, à
aucun des fervents de l'écrivain ; même pour
l'amateur le moins exigeant, l'ensemble de ces documents, dans
le montage qui en a été fait, compose une sorte
de film documentaire sur la vie de Dostoïevski.
1976.
[ROUSSEAU
(Jean-Jacques)]. Album Rousseau. Iconographie
réunie et commentée par Bernard Gagnebin.
Paris, Gallimard, 1976. In-8° sous reliure, jaquette, et
Rhodoïd (dos jauni) d'éditeur, 268, [4] p.,
(collection « Albums de la Pléiade »,
n° 15), bel exemplaire.
Avertissement :
Rousseau s'est non seulement efforcé
de brosser son portrait moral dans ses uvres autobiographiques,
mais il a tenu à laisser un portrait figuré aussi
véridique que possible. C'est pourquoi il s'est longtemps
refusé à permettre à ses éditeurs
d'orner ses livres de sa propre image. Aussi exigeant en matière
de représentation graphique qu'en matière d'autobiographie,
Rousseau a critiqué presque tous les portraits qui ont
été exécutés d'après nature,
ceux gravés par Cathelin et par Littret (d'après
le pastel de La Tour), comme ceux peints par Houel et par Liotard,
sans parler du buste par Lemoyne. Quant à l'effigie peinte
par Alan Ramsay, il l'a condamnée en termes très
vifs dans ses Dialogues, prétendant y voir une
machination destinée à le faire passer pour fou.
Il n'y a que le pastel de La Tour qui ait trouvé grâce
à ses yeux. Rousseau avait quarante ans lorsqu'il a posé
devant le plus célèbre portraitiste de son temps.
Dédaignant les grands, moqueur, excentrique, préférant
la compagnie des hommes de lettres à celle des fermiers
généraux, Maurice Quentin de La Tour a su rendre
l'expression à la fois interrogative et un peu mélancolique
de Jean-Jacques.
Nous pouvons cependant nous demander si ce
portrait n'est pas légèrement flatté. Rousseau
est un être conscient de sa valeur, inquiet et tourmenté,
qui cherche à jeter bas les masques. L'anxiété
ne se lit pas sur le pastel de La Tour. L'écrivain s'est
décrit dans ses Confessions comme un homme « bien
pris dans sa petite taille..., l'air dégagé, la
physionomie animée, la bouche mignonne, les sourcils et
les cheveux noirs, les jeux petits et même enfoncés,
mais qui lançaient avec force le feu dont son sang était
embrasé ». Ce témoignage est corroboré
par ceux du prince de Ligne et de Bernardin de Saint-Pierre qui
ont rendu visite à Rousseau, rue Plâtrière
à Paris. « Ses jeux étaient comme deux
astres, nous dit le prince de Ligne. Son génie rayonnait
dans ses regards et m'électrisait. » Et Bernardin
de Saint-Pierre : « II avait le teint brun, quelques
couleurs aux pommettes des joues, la bouche belle, le nez bien
fait, le front rond et élevé, les jeux pleins de
feu. » Et plus loin : « On remarquait
dans son visage trois ou quatre caractères de la mélancolie
par l'enfoncement des yeux et par l'affaissement des sourcils ;
de la tristesse profonde par les rides du front ; une gaieté
très vive et même un peu caustique par faille petits
plis aux angles extérieurs des jeux... »
Si Rousseau a préféré
le portrait de La Tour qui nous semble un peu complaisant, c'est
qu'il lui rappelait une période heureuse de son existence,
celle de ses premiers succès littéraires et du
triomphe du Devin du village, alors que le portrait de
Rarnsay évoque au contraire la persécution et le
complot. Ainsi ce ne sont pas uniquement des considérations
esthétiques, mais encore des motifs psychologiques qui
expliquent le choix de Rousseau.
Deux ouvrages consacrés aux portraits
de Rousseau ont été publiés au début
du siècle, à peu près en même temps.
Celui du comte de Girardin (Iconographie de Jean-Jacques Rousseau,
portraits, habitations, souvenirs, Paris, 1910) énumère
sans esprit critique les images qu'il possédait. Celui
d'Hippolyte Buffenoir (Les Portraits de Jean-Jacques Rousseau,
étude historique et iconographique, Paris, 1913) passe
en revue les différents portraits de Rousseau, non sans
en omettre plusieurs ni sans commettre quelques erreurs d'interprétation.
L'Album Pléiade Rousseau est une première
tentative de rassembler une iconographie aussi complète
que possible de Rousseau et de son temps. Une place importante
a été réservée aux paysages que l'écrivain
a décrits dans ses livres, à ces sites privilégiés
qui n'ont, chose rare, guère changé depuis le XVIIIe
siècle, les Charmettes, Môtiers, l'île de
Saint-Pierre, Ermenonville. Quant à ses uvres, elles
ont inspiré les meilleurs dessinateurs de son temps :
Gravelot, Cochin, Eisen, Moreau le jeune, Boucher, Marillier,
Le Barbier, etc. Et l'on sait aujourd'hui que François
Boucher a failli illustrer La Nouvelle Héloïse.
Nous avons donné la préférence
aux documents du XVIIIe siècle, laissant délibérément
de côté les portraits d'après La Tour ou
d'après Houdon, ainsi que les innombrables effigies et
illustrations romantiques. Nous n'avons pas retenu davantage
les portraits contestés de Rousseau, celui adolescent
d'Annecy ou celui peint par John Wright, qui représente
en réalité un écrivain écossais !
40 euros (code de commande
: 24742).
1977.
[CÉLINE
(Louis-Ferdinand)]. Album Céline. Iconographie réunie et commentée
par Jean-Pierre Dauphin et Jacques Boudillet. Paris,
Gallimard, 1977. In-8° sous reliure souple, jaquette et Rhodoïd
d'éditeur, 287, [9] p., (collection « Albums
de la Pléiade », n° 17), exemplaire en
bel état.
Suite
à une erreur dans la numérotation, le n° 16
de la collection a été attribué à
l'album suivant.
Extrait de l'avertissement :
Moins de quinze ans après le décès
de l'écrivain, il est trop tôt pour tenter de faire
un bilan des images que Louis-Ferdinand Céline a données
de lui-même. Son temps en a imposé d'autres ;
ses familiers ont les leurs, prises et parfois conservées
à son insu. Leur réunion et leur commentaire exigent
un recul que la dispersion des documents ne facilite pas. Les
souvenirs tranchés des contemporains créent bien
des perspectives ; les contradictions dont les faits portent
témoignage en ouvrent d'autres. Dès lors, tout
choix implique une interprétation. Faute de pouvoir dessiner
un caractère, ce volume tend à suivre les esquisses
successives, et toutes relatives, d'un comportement.
Peu d'écrivains ont connu d'emblée,
comme Louis-Ferdinand Céline, les fastes et les ombres
de la légende. Les années aidant et au fil de passions
violentes, elle s'est confondue avec le statut de l'homme de
lettres. Si tout chercheur devient alors iconoclaste aux yeux
de l'amitié, de la mémoire et des mythes, l'absence
de chronologie célinienne continue imposait un devoir
d'information. La photographie y a ajouté la souplesse
de son rythme, ses digressions et ses pauses. Même symboliques,
ces instantanés d'un « fauve » de
notre époque n'excluent pas plus la précision du
détail que la rigueur de l'enchaînement.
Difficilement dissociable de l'exercice de
sa vie, la pratique artistique de Louis-Ferdinand Céline
mérite mieux qu'une curiosité. Sous les audaces
et le défi, sa démarche reste à coup sûr
l'une des plus « classiques ». Aux humeurs,
qui ont suscité portraits flattés et caricatures,
doit naturellement succéder l'inventaire d'images plus
quotidiennes. Diverses sans être exhaustives, elles offrent
les facettes d'un écrivain qui affirma : « Je
suis contre l'iconographie. Je suis mahométan. Pas de
photos de moi... Je n'aime pas ça ! »
comme si sa vérité était vraiment
ailleurs.
La trame de cet album en noir et blanc est
donc faite de gestes. Vivant de leur propre contraste, ils ont
la cohérence de leur succession. Peu à peu, l'histoire
particulière d'un homme s'y défait ; l'anecdote
en s'usant laisse voir, et comme autrement, les soixante premières
années du siècle. Pour les avoir épousées
jusque dans leur outrance, Louis-Ferdinand Céline n'a
pas distingué son uvre romanesque et pamphlétaire
des événements. Leur somme, élaborée
page après page, paraît avoir autant constitué
le théâtre que la mesure d'un cri. En composant
cette iconographie, c'est l'envers individuel du décor
que l'on invite à voir.
1978.
Album
Pascal. Iconographie réunie et commentée
par Bernard Dorival. Paris, Gallimard, 1978. In-8°
sous reliure, jaquette et Rhodoïd d'éditeur, 204,
[4] p., très nombreuses illustrations, (collection « Album
de la Pléiade », n° 16), exemplaire en
très bel état.
Avertissement :
« Le
plus grand des Français », comme l'a appelé
Julien Green, est aussi sans doute celui dont l'iconographie
est le moins abondante. À ce fait, on peut trouver plusieurs
raisons. La première, c'est que la famille Pascal, dont
la situation financière était sujette à
des fluctuations attestées par ses changements fréquents
de domicile, n'avait pas les ressources nécessaires pour
faire « tirer », comme on disait alors,
ses membres : il ne fallut rien moins que le miracle de
la sainte épine pour que Florin Périer commandât
en manière d'ex-voto d'action de grâces, à
un peintre de dernier ordre, le portrait de sa fille Marguerite,
bénéficiaire de ce miracle. En second lieu, Biaise
Pascal ne fut connu de son vivant qu'en tant que savant, et les
savants ne sont généralement pas, au XVIIe siècle,
des personnages à ce point considérables en France
que l'on juge opportun de les sculpter, les peindre ou les graver :
l'on ne possède pas d'effigie de Roberval, Desargues,
Mydorge, Bourdelot, Le Pailleur, etc. Enfin, et j'ajouterai même
surtout, Pascal et les siens appartinrent rapidement à
une famille spirituelle, très fournie à leur époque,
qui eût estimé commettre « une griefve
faute », ainsi que l'écrivait la mère
Angélique Arnauld, voire, comme elle disait aussi, un
« péché mortel », en se laissant
portraiturer. Tel était ce christianisme exigeant du XVIIe
siècle français que, par esprit d'humilité,
ni un Bérulle, ni un Saint-Cyran, ni même un père
Annat un Jésuite, cependant !
ne consentirent jamais à laisser perpétuer, de
leur vivant, l'apparence mortelle de leur personne humaine. Comment
Biaise Pascal eût-il pu agir autrement, quand son meilleur
ami, Artus Gouffier de Roannez, que sa condition de duc et pair,
gouverneur du Poitou, obligeait, en quelque façon, à
se faire peindre ou graver, s'y refusa toujours, de même
que sa sur Charlotte, duchesse de La Feuillade ? Inutile,
par conséquent, de chercher des portraits de Pascal et
des siens : il n'y en a pas, il ne pouvait pas y en avoir,
et ce sont images controuvées que les effigies de Jacqueline
Pascal et de Gilberte Périer, ainsi surtout que celle
prétendue de Blaise Pascal par Philippe de Champaigne.
Sans le fameux masque mortuaire et les interprétations
peintes, dessinées et gravées auxquelles il donna
naissance, le visage de l'auteur des Provinciales et des
Pensées nous serait resté inconnu.
Mais il y a plus, et d'autres faits contribuent
à rendre encore plus malaisé l'établissement
d'un album iconographique qui lui soit consacré, ainsi
qu'à ses travaux. Ses écrits, d'abord, écrits
scientifiques, écrits polémiques clandestins,
ceux-ci, ne l'oublions pas , écrits philosophiques,
voire théologiques, ne sont pas de ceux qui appellent
l'illustration, au contraire des poèmes, des romans, des
pièces de théâtre. Les traits, d'autre part,
nous sont ignorés, de bon nombre de ses amis et de ses
relations, voire de ses ennemis Mme Sainctot, Jean
Guillebert, messieurs des Landes et de La Bouteillerie, le père
Forton, le père Noël, Méré, Miton,
le duc de Liancourt, l'abbé Picoté, le père
Nicolaï, le père Pirot, le père Lalouère,
l'Anglais Wallis, les marquis de Crenant et de Sourches, etc. ;
nous avons déjà évoqué Roannez et
sa sur, ainsi que le père Annat. Enfin la cupidité
des hommes, toujours portés aux spéculations immobilières,
d'aucuns diront les nécessités de la vie moderne,
la politique aussi, et peut-être enfin seulement le hasard,
se sont acharnés sur les demeures où il vécut,
sur celles de sa famille, sur ses paroisses aussi, de même
que sur l'abbaye qui lui fut si chère : de sorte
que nous ne possédons aujourd'hui ni sa maison natale,
ni sa maison mortuaire, ni ses résidences parisiennes
de la rue de la Tixanderie et de la rue Beaubourg, ni le château
de Bienassis, ni l'église Saint-Came, ni Port-Roy al-des-Champs.
Ainsi ne pouvons-nous imaginer les cadres de son existence qu'à
travers de rares documents, qui, souvent, ne nous donnent sur
eux que des renseignements indirects.
De ces naufrages, une seule épave est
parvenue jusqu'à nous mais quelle épave ! ,
le manuscrit des Pensées et de divers écrits
qui s'y rapportent plus ou moins. Alors que la plupart des grands
manuscrits de notre XVIIe siècle n'ont pas été
conservés, la piété des Périer envers
celui qu'ils considéraient comme leur « saint »
a sauvé et transmis un texte sans lequel nous ne connaîtrions
pas le génie de Pascal il y a loin, on le
sait, entre l'édition princeps des Pensées
et le manuscrit de leur auteur et sans lequel aussi
nous ne connaîtrions l'homme qu'encore plus imparfaitement.
Plus que dans un portrait, Pascal est là, dans la graphie,
dans la disposition des lignes, dans les ratures et dans les
additions du Mémorial, du Mystère de
Jésus et de tels fragments comme ceux qu'on appelle
les « Deux infinis », le « Pari »,
ou la prosopopée de la Sagesse de Dieu. Pour être
moins attirants que des images de l'être qu'il fut, ou
des êtres que furent son père, sa mère, ses
surs, sa servante, ses proches ; pour nous évoquer
moins son existence que les vues de ses maisons ; ces lignes,
tracées d'une plume fougueuse ou réfléchie,
nous restituent, mieux qu'aucun document, Pascal et nous permettent
de le comprendre mieux.
35 euros (code de commande
: 25048).
1979.
Album
Montherlant. Iconographie
réunie et commentée par Pierre Sipriot.
Paris, Gallimard, 1979. In-8° sous reliure, jaquette et Rhodoïd
d'éditeur, 242, [4] p., (collection « Albums
de la Bibliothèque de la Pléiade »,
n° 18), exemplaire en très bon état.
Extrait :
« L'acte
le plus remarquable que j'ai accompli dans ma jeunesse, c'est
d'être parvenu à naître un 21 avril, c'est-à-dire
le jour anniversaire de la fondation de Rome. »
Eh bien, non ! Nous avons retrouvé l'extrait
des actes de naissance et de baptême. Henry-Marie-Joseph-Frédéric-Expedite
Millon de Montherlant est né le 20 avril 1895 à
une heure du matin.
Montherlant a changé d'un an la date
de sa naissance pour se rajeunir et de un jour le jour de sa
naissance pour naître à un moment propice comme
Chateaubriand voulait être censé être né
le jour de la Saint-François. Pourquoi ce coup de pouce ?
Pour modifier le ciel astral plus favorable en 1896, disait Montherlant
qui aimait toujours les illusions consolatrices sans y croire
le moins du monde. Et surtout pour choisir sa date de naissance
comme il a choisi la date où il s'est donné la
mort : 21 septembre 1972, l'équinoxe de septembre :
« quand le jour est égal à la nuit ;
en la fête de ce Saint Mystère, que le oui ou le
non l'emporte. Et le jour de la vie et la nuit de la mort sont
égaux pour moi en effet et se balancent. L'un ou l'autre,
no importa. »
25 euros (code de commande
: Apl18).
1980.
Album
Giono. Iconographie réunie
et commentée par Henri Godart. Paris, Gallimard,
1980. In-8° sous reliure, jaquette et Rhodoïd (un peu
jauni) d'éditeur, 319 p., (collection « Album
de la Pléiade », n° 19).
Extrait de l'avertissement
:
Giono,
disparu il va y avoir dix ans, n'a rien perdu de sa présence.
Ses premiers lecteurs restent fidèles à son uvre,
et elle en trouve aujourd'hui de nouveaux, sans doute parce qu'elle
satisfait des goûts ou des besoins dont la production romanesque
actuelle ne se préoccupe guère. Le jaillissement
de l'invention, les raffinements du récit, la poésie
des images et le rapport qu'elles établissent avec le
monde donnent un plaisir de lecture désormais rare et
qui permet de mesurer cette uvre en dehors des passions
ou de la controverse qu'elle suscita. Ce plaisir, on peut espérer
le prolonger de quelque manière dans un album comme celui-ci.
Tout chez Giono se prête en effet à
l'iconographie : le visage, mûri et affiné au fil
des ans ; l'écriture, qui fait la beauté de manuscrits
dont chaque page réjouit l'il ; la nature et la
disposition des ébauches dans ses carnets de travail,
sur la page desquels s'inscrit le dessin et comme le rythme de
l'invention ; son intérêt pour la peinture, qui
mêle des peintres, tels Bruegel ou Piranèse, à
la conception même de ses uvres ; son goût
pour la photographie soit qu'il choisisse parmi des
photos qu'on lui propose une illustration possible d'un de ses
romans, soit qu'il imagine toute une histoire à partir
d'une photo qu'on lui présente, soit qu'il retrouve dans
des albums d'anciennes photos anonymes la figure de certains
de ses personnages ; son goût aussi pour les livres qu'il
réunit dans sa bibliothèque, et pour les cartes
qu'il ne se lasse pas de consulter (sans compter les annotations
dont il enrichit les uns et les autres) ; d' autre part, le nombre
et la qualité des peintres et des dessinateurs qui ont
I illustré ses uvres, et la beauté des paysages
réels qui ont servi de points de départ à
ses descriptions.
Le choix et la présentation des documents
réunis ici ont été, naturellement, l'occasion
de faire le point des connaissances actuelles sur Giono et nos
remerciements disent de combien d'informations nouvelles elles
s'enrichissent. Mais on n'aborde pas la vie d'un auteur contemporain
de la même façon que celle d'un auteur du passé.
Devant la profusion des pièces d'archives dont une part,
fatalement, échappe à l'investigation, le nombre
et la diversité des traces, les possibilités à
peu près infinies du témoignage ou de la confidence,
notre première tâche était d'équilibre.
En revanche, l'ensemble exceptionnel que constituent lis dossiers,
carnets, manuscrits de Giono et les livres de sa bibliothèque
a permis de donner la première évocation complète
et continue de cette carrière d'écrivain dans son
développement interne.
1981.
[VERLAINE
(Paul)]. Album Verlaine. Iconographie choisie et commentée
par Pierre Petitfils. Paris, Gallimard, 1981. In-8°
sous reliure, Rhodoïd et étui illustré d'éditeur,
318, [2] p, (collection « Albums de la Pléiade »,
n° 20), exemplaire en très bel état.
Extrait de l'avertissement
:
Paul
Verlaine est mort relativement jeune, dans sa cinquante-deuxième
année. Il est difficile de concevoir existence plus fertile
en événements, catastrophes et coups du destin.
Il a participé aux batailles littéraires de deux
générations parnassiens, décadents-symbolistes ;
il a séjourné en Belgique et en Angleterre et est
retourné dans ces pays pour des conférences, ainsi
qu'en Hollande ; il a été fonctionnaire à
Paris, professeur dans plusieurs écoles anglaises et dans
un collège ardennais, cultivateur près de Rethel ;
il a fait plus de vingt séjours dans des hôpitaux
parisiens et deux « villégiatures »
en prison, dont l'une excédant dix-huit mois. Il a écrit
trente volumes de vers et huit de prose ; il a frôlé
la sainteté et s'est vautré dans la luxure ;
il a connu la misère et la gloire. Pour illustrer cette
incroyable vie, il faudrait beaucoup plus de documents que n'en
peut contenir un Album de la Pléiade. Nous avons dû
faire un choix et nous limiter à des évocations
caractéristiques. Naturellement, c'est vers la fin, après
son élection au titre de Prince des poètes (1894),
qu'abondent les portraits. Tous sont attachants, mais ils n'épuisent
pas le mystère de cette physionomie attirante et inquiétante.
C'est que Verlaine n'est pas un personnage simple, il est double
et souvent triple ; sa biographie forme une symphonie où
se heurtent violemment des thèmes contradictoires, avec
accompagnement d'éclairs, d'orages et de délires
dus à l'absinthe, aux apéritifs et à la
bière du Nord qu'il supportait mal. Le plus étonnant
est que le vrai Verlaine, celui des profondeurs, ne ressemblait
nullement au héros truculent que la Fatalité saturnienne
a fait de lui. C'était un être simple, peu exigeant,
sensible, sans orgueil, rêvant d'une femme douce, d'un
foyer tranquille et d'amis gais et fidèles. La cause de
ses malheurs tient en ces deux mots par lesquels lui-même
a défini son caractère : la « faiblesse
entêtée ». Ah ! il a bien mérité
de figurer dans sa galerie des Poètes maudits ! Comme
il était lucide, il en convenait et ne s'en étonnait
pas :
Et pourquoi si j'ai contristé
Ton vu têtu,
Société,
Me choierais-tu ?
Il reste de lui de bonnes photographies, dès
sa jeunesse, et nous avons la chance qu'il eut des amis sachant
dessiner : Ernest Delahaye, spontané et malicieux,
Germain Nouveau, Henry Cros et surtout Frédéric-Auguste
Calais, qui a laissé de lui près de cent cinquante
portraits, croquis au crayon, à la plume, à la
sanguine ou au lavis. C'était un gai et franc garçon,
chansonnier dans l'âme, dont la main légère
savait saisir au vol les travers de ses personnages et, de ces
derniers, donner des instantanés d'une ressemblance frappante.
Le meilleur témoignage à cet égard est celui
des contemporains de Verlaine, qui pouvaient comparer avec le
modèle. Tous ont dit avoir retrouvé ses traits,
ses attitudes, sa démarche, ses gestes familiers. Ernest
Raynaud a été leur interprète en déclarant,
dans une ballade célèbre :
F.-A. Cazals nous a rendu
Verlaine.
Nous qui ne l'avons pas connu, il nous a comblés.
Ces divers apports permettent de présenter
de l'auteur de Sagesse une iconographie riche, variée,
vivante.
Verlaine est d'abord un auteur vivant :
son uvre est le miroir de sa vie. Notre ambition serait
que ces images fussent comme le reflet de l'une et de l'autre.
1982.
Album
Camus. Iconographie réunie
et commentée par Roger Grenier. Paris, Gallimard,
1982. In-8° sous reliure, jaquette et Rhodoïd d'éditeur,
324, [1], [1 bl.], [1 (colophon)], [1 bl.] p., (collection
« Albums de la Bibliothèque de la Pléiade »,
n° 21), exemplaire en très bel état.
Extrait :
« Je
fus placé à mi-distance de la misère et
du soleil », écrit Albert Camus dans L'Envers
et l'Endroit, son premier livre. Le 7 novembre 1913, à
deux heures du matin, il vient au monde dans un domaine viticole
appelé le Chapeau de Gendarme, près de Mondovi,
à quelques kilomètres au sud de Bône (aujourd'hui
Annaba), dans le département de Constantine. Camus a toujours
cru que sa famille venait d'Alsace. On a découvert récemment
qu'il n'en était rien. Son arrière-grand-père,
Claude Camus, était né en 1809 à Bordeaux.
Il fut un des premiers colons de l'Algérie dont la conquête
commence en 18 30, et il s'installa à Ouled Fayet près
d'Alger, où il mourut en 1865. Un autre bisaïeul,
Mathieu Juste Cormery, venait de Silhac, dans l'Ardèche.
Du côté maternel, les Sintès,
les Cursac, les Cardona, les Fedelic sont de Minorque. La mère
de l'écrivain, Catherine Sintès, deuxième
d'une famille de neuf enfants, est née en 1882 à
Birkadem.
Ces noms, l'écrivain les donnera volontiers
à ses personnages. La figure féminine de L'Étranger
s'appelle Marie Cardona, le tonnelier de La Mort heureuse
s'appelle lui aussi Cardona, Meursault a un ami du nom de
Sintès, et on pourrait citer d'autres exemples.
Tous ces gens étaient parmi les plus
pauvres. Certains étaient illettrés. La mère
d'Albert Camus n'apprit jamais à écrire. Dans l'avant-propos
d'Actuelles III, l'écrivain évoque « l'histoire
des hommes de ma famille qui, de surcroît, étant
pauvres et sans haine, n'ont jamais exploité ni opprimé
personne. »
1983.
Album
Voltaire. Iconographie choisie et commentée par
Jacques Van den Heuvel. Paris, Gallimard, 1983. In-8°
sous reliure, jaquette et Rhodoïd d'éditeur, 323,
[5] p., très nombreuses illustrations, (collection « Album
de la Pléiade », n° 22), exemplaire en
très bel état.
Extrait :
Arouet
naît à Paris en 1694, Voltaire meurt à Paris
quatre-vingt-quatre ans plus tard en 1778 : le drame de
celui qui était parisien dans l'âme, ce François-Marie
Arouet, dit Voltaire, trop encombrant pour y vivre de longues
années d'affilée, est d'avoir été
contraint, lui qui aimait être au centre des choses, de
se tenir à une distance respectueuse de la capitale.
1984.
Colette. Iconographie choisie et commentée par
Claude et Vincenette Pichois. Paris, Gallimard,
1984. In-8° sous reliure, Rhodoïd et étui imprimé
d'éditeur, 322, [6] p., illustrations en noir et
en couleurs, (collection « Album de la Pléiade »,
n° 23), exemplaire en très bon état.
Avant-propos :
De
quelques écrivains les images authentiques sont rares.
Colette n'est heureusement pas de ceux-là, et pour trois
raisons au moins : elle a connu la gloire de son vivant,
mais, bien avant d'être la grande Colette, elle a été
la femme-objet d'un imprésario de génie, Willy,
puis une actrice qui s'est illustrée dans la pantomime
et même grâce au scandale.
La difficulté était donc de choisir
parmi des centaines de documents et d'obtenir un équilibre
entre ceux qu'on a vus trop souvent et ceux que nous avons pu
trouver ou que l'amitié nous a permis de découvrir.
Dans Près de Colette, Maurice Goudeket
écrivait : « Sur les murs de la chambre
de Colette, une quantité de petites toiles dont la plupart
y avaient été apportées par l'amitié
des peintres, qui, connaissant ses préférences,
lui offraient des fleurs et des fruits. Seul un portrait de jeune
femme par Marie Laurencin avait, pour son côté imprécis
et vaporeux, échappé à l'ostracisme de Colette
qui bannissait de sa vue toute représentation du visage
humain. »
Ce qui ne fait pas de Colette une musulmane,
mais une femme douée d'un robuste narcissisme, comme le
prouve son uvre dès les Claudine. Heureuse disposition
puisqu'elle nous permet de la suivre tout au long de sa vie,
depuis le portrait d'un bébé jusqu'aux images de
ses quatre-vingts ans.
1985.
Album
Gide. Iconographie choisie
par Philippe Clerc. Texte de Maurice Nadeau. Paris,
Gallimard, 1985. In-8° sous reliure, Rhodoïd et étui
imprimé d'éditeur, 254, [2] p., illustrations
en noir et en couleurs, (collection
« Album de la Pléiade », n° 24), exemplaire en très bel état.
Extrait :
« Né
à Paris, d'un père uzétien et d'une mère
normande, où voulez-vous, Monsieur Barrès, que
je m'enracine ? J'ai donc pris le parti de voyager. »
Et sans doute existe-t-il un Gide toujours en partance, tout
prêt encore quelques mois avant sa mort à prendre
le large vers le Maroc, mais cette apostrophe à l'auteur
des Déracinés, il faut lui donner un autre
sens : le refus de Gide à se laisser définir
par les paramètres alors en honneur : ceux d'un Taine
et, plus près de nous, d'un Thibaudet. Barrés et
la Lorraine, Flaubert normand. Zola à Marseille et à
Paris. La plaine ou la montagne, le sec ou l'humide. On veut
que l'artiste ait les pieds sur terre et que, de cette terre,
montent les sucs nourriciers.
Néanmoins, Gide dit avoir pris conscience,
assez tard il est vrai, des astreintes de l'hérédité.
Il porte à leur compte ses contradictions, ses ambiguïtés,
son incapacité à choisir un parti sans qu'aussitôt
le parti contraire lui paraisse plein d'attraits. « Deux
provinces, deux sangs, deux confessions. » Pour lui
un unique moyen de réaliser « l'accord de ces
éléments trop divers qui, sinon, fussent restés
à se combattre, ou tout au moins à dialoguer en
moi » : l'art.
35 euros (code de commande
: 24539).
1987.
Album Maupassant. Iconographie
réunie et commentée par Jacques Réda.
(N° 26), Rhodoïd et étui imprimé.
1988.
[CHATEAUBRIAND
(François-René de)]. Album Chateaubriand. Iconographie choisie et commentée par
Jean d'Ormesson. Paris, Gallimard, 1988. In-12 sous reliure,
Rhodoïd et étui illustré d'éditeur,
359 p, (collection « Albums de la Pléiade »,
n° 27), bel exemplaire.
Extrait de la préface
:
La
Révolution française constitue une coupure dans
notre histoire littéraire comme dans notre histoire politique.
Nourri de l'Ancien Régime, précurseur du romantisme,
Chateaubriand appartient à deux mondes. Il y a en lui
un libertin, un gentilhomme fidèle, un féodal consterné.
Il y a aussi un génie qui avait de l'avenir dans l'esprit.
Les quelques pages qui suivent et leurs illustrations n'ont pas
d'autre ambition que de mettre un peu d'ordre dans ce tohu-bohu
d'idées, d'événements, de passions et de
femmes qui n'apparaissent souvent qu'en filigrane
dans ce chef-d'uvre de sensibilité, d'intelligence
et de drôlerie que sont les Mémoires d'outre-tombe.
65 euros (code de commande
: 20760).
1989.
Album les Écrivains de la Révolution. Iconographie réunie et commentée
par Pierre Gascar, (n° 28). Pas d'étui imprimé.
1990.
Album
Lewis Carroll. Iconographie
choisie et commentée par Jean Gattégno.
Paris, Gallimard, 1990. In-8° sous reliure, Rhodoïd
et étui illustré d'éditeur, 365 p,
(collection « Albums de la Pléiade »,
n° 29), exemplaire en très bel état.
Présentation
par l'éditeur :
L'Album
Lewis Carroll rassemble une iconographie choisie et commentée
par Jean Gattégno et retrace, avec le parcours d'une vie,
celui d'une passion : la photographie, que Carroll pratiqua
pendant vingt-cinq ans. Il constitua ainsi une extraordinaire
collection de portraits et notamment de portraits
de petites filles dont une partie est parvenue jusqu'à
nous et a été exploitée ici.
On a pu interpréter l'énergie
que Carroll mit à amasser ces documents comme la volonté
d'assouvir un désir de nature fétichiste. Mais
il y a plus : à une époque où de longs
temps de pose interdisaient que le sujet fût saisi dans
son caractère fugitif, ces portraits témoignent,
parfois grâce à de véritables mises en scène,
du souhait de figer et de transmettre une vision toute personnelle
de l'enfance : ils sont moins les images fidèles
de la vie que les reflets de situations créées
par l'artifice, chargées d'un sens aussi précis
que celui prêté aux symboles mathématiques,
et rendues vivantes par la vertu du regard. Le photographe rejoint
en cela l'écrivain ; les images comme les mots se
voient confier par Carroll la fonction la plus haute qui soit
à ses yeux : reconstruire le réel.
1991.
Album Sartre. Iconographie
réunie et commentée par Annie Cohen-Solal. (N°
30). Rhodoïd et étui imprimé, bel état.
1992.
Album
Prévert. Iconographie
choisie et commentée par André Heinrich.
Paris, Gallimard, 1994. In-8° sous Rhodoïd et étui
illustré d'éditeur, 443, [5] p., nombreuses
illustrations, (collection « Albums de la Pléiade »,
n° 31), exemplaire en très bel état.
Présentation
de l'éditeur :
Quinze
ans après la disparition de l'écrivain, l'iconographie
choisie et commentée par André Heinrich nous offre
le temps retrouvé d'un poète, ce qu'aimait Prévert :
le spectacle du quotidien, son fatras, ces choses et autres dans
quoi se joue une vie.
Cet album dit les paroles cachées que
sont les gestes d'un être et les proches visages perdus
du bonheur, la pluie et le beau temps du cur, ces collages
en somme que tout homme tente sur le monde et que certains les
poètes rendent en mots.
1993.
Album Nerval. Iconographie
réunie et commentée par Éric Buffetaud et
Claude Pichois. (N° 32). Rhodoïd et étui imprimé,
cachet discret d'appartenance sur la garde.
60 euros (code de commande
: APl/32).
1994.
[SAINT-EXUPÉRY
(Antoine de)]. Album Saint-Exupéry. Iconographie choisie et commentée par
Jean-Daniel Pariset et Frédéric d'Agay.
Paris, Gallimard, 1994. In-8° sous reliure souple, jaquette
et Rhodoïd d'éditeur, 332, [4] p., (collection
« Albums de la Pléiade », n°
33), exemplaire en très bel état.
Avant-propos :
Né
avec le siècle, Antoine de Saint-Exupéry est un
des rares auteurs à ne pas vieillir, le seul peut-être ;
son immortel Petit Prince continue sa vie dans les rêves
des enfants et des parents du monde entier.
Pour d'autres, il reste le pilote décrivant
avec une grande pureté de langue l'épopée
de l'aviation naissante ; et cet aviateur défricheur
de ligne, chef d'escale, côtoie dans le panthéon
des pilotes Mermoz ou Guillaumet.
Homme de conviction, son engagement contre
le fascisme est évident : Terre des Hommes
porte la marque de son humanisme, comme ses articles et ses reportages,
car l'ensemble de cette uvre reste le témoin exigeant
de ses expériences, à la recherche de l'autre dans
sa dignité d'homme, avec, ce contrepoint de l'enfance,
les Lettres à sa mère qui enracinent l'affection
filiale.
Sa volonté de servir dans la reconnaissance
durant la guerre, malgré ses amis, fit de lui l'un des
rares à pouvoir écrire sur la défaite de
1940 sans en rougir. Pilote de guerre est sa mémoire,
celle de son unité, le 2/33, des camarades qu'il retrouve
à Alger, puis, en Corse, lors de son dernier vol le 31
juillet 1944.
Mais « Saint-Ex » était
plus que cela : un inventeur passionné de sciences,
un bon vivant connu pour ses belles histoires et ses jeux. Il
était aussi un penseur chaleureux, dont les Carnets
montrent l'intérêt qu'il a pour tout ce qui est
humain. Quant à Citadelle, nul ne sait s'il s'agit
d'un long poème, d'un conte philosophique, d'une sourde
prière née dans le désert de Juby...
1995.
[FAULKNER
(William)]. Album Faulkner. Iconographie
choisie et commentée par Michel Mohrt. Paris, Gallimard,
1981. In-8° sous reliure, Rhodoïd et étui illustré
d'éditeur, 289, [11] p, (collection « Albums
de la Pléiade », n° 34), exemplaire en
très bel état.
Présentation
par l'éditeur :
William
Faulkner est né en 1897 à Oxford, dans l'État
du Mississippi. Sa famille, en dépit d'une illustration,
celle de l'aïeul de l'écrivain, colonel dans l'armée
de la Confédération dans la guerre de 1861 entre
les États, avait perdu son rang. L'enfance de Faulkner,
au milieu de ses frères et de ses parents, fut médiocre,
ses études mauvaises. Après avoir exercé
plusieurs métiers, tenté de s'engager dans l'aviation
pendant la guerre de 1914-1918, vécu à la Nouvelle-Orléans,
effectué un voyage en Europe où il visita les champs
de bataille de la guerre, il se fixa à Oxford et se mit
à écrire des romans et des nouvelles qu'il éprouvait
le plus grand mal à faire publier. Plusieurs séjours
à Hollywood où il travaille pour le cinéma
ne lui apportèrent que des déboires.
Le succès n'est venu que tardivement,
mais il a été éclatant. Reconnu comme l'écrivain
américain le plus important de sa génération,
auteur d'une uvre qui, par son ampleur, peut être
comparée à La Comédie Humaine, Faulkner
a reçu le prix Nobel en 1950. De nombreuses critiques
sur son uvre et des biographies lui ont été
consacrées. Son influence sur le roman contemporain, dans
son pays comme à l'étranger, est considérable.
Sa vie a été un long combat contre le mauvais sort,
les conditions médiocres dans lesquelles vivait son pays,
vaincu et humilié, ce Sud profond qu'il a peint dans son
uvre. Il a dû triompher d'une éducation marquée
par le calvinisme, de l'alcool et de ses fantasmes, pour affirmer
son génie.
25 euros (code de commande
: AP34*).
1996.
[WILDE
(Oscar)]. Album Wilde. Iconographie
choisie et commentée par Jean Gattégno et
Merlin Holland. Paris, Gallimard, 1996. In-8° sous
reliure, Rhodoïd et étui illustré d'éditeur,
266 p., (collection « Albums de la Bibliothèque
de la Pléiade », n° 35), exemplaire en
parfait état.
Avant-propos :
Pour
autant que nous croyons connaître Oscar Wilde, il reste
toujours une énigme. Est-ce un grand écrivain,
ou est-ce qu'il nous le fait croire simplement ? Si sa vie
éblouissante n'avait pas fini en tragédie, serait-il
devenu un des auteurs anglais (ou plutôt irlandais) des
plus connus et des plus traduits dans le monde entier ?
Sa popularité actuelle se fonde-t-elle sur une vraie appréciation
de son uvre, ou sur le simple fait que nous sympathisions
avec cet esprit rebelle poursuivi et brutalisé par la
société hypocrite d'une Angleterre fin de siècle ?
Peut-être n'est-ce que l'amalgame de tous ces éléments,
qui en fait l'un de ces rares écrivains dont l'uvre
et la vie sont si inséparablement entrelacées que
nous devrions cesser de nous poser ces questions futiles.
Lors de son célèbre échange
d'insultes avec le peintre James Whistler, Wilde écrit :
« restez comme moi, incompréhensible ;
un grand homme se doit d'être incompris. » C'est
un rôle qu'il avait fort bien joué de son vivant,
se cachant habilement derrière une nuée de paradoxes.
Après sa mort, pourtant, l'incompréhension, privée
de son maître d'uvre, devint plutôt de la méconnaissance.
Durant une soixantaine d'années, la réputation
« grand public » de Wilde souffrit d'être
limitée à quelques uvres isolées.
En Angleterre, ce furent surtout les pièces de théâtre
et les contes ; en Europe, par contre, les deux créations
qui lui valurent l'opprobre de l'Angleterre victorienne, Salomé
et Le Portrait de Dorian Gray, et ses écrits critiques.
Les deux aspects de Wilde, farceur et penseur, se trouvaient
séparés, comme de son vivant, par la Manche. En
Angleterre, par pudeur, peu de gens s'intéressaient à
l'homme et sa vie ; en France, on estimait l'artiste sans
commenter sa vie privée.
La publication de ses lettres, en 1962, a tout
changé. Comme il l'explique dans De profundis,
sa longue lettre de prison : « J'occupais une
place symbolique dans l'art et la culture de mon époque »
un homme à cheval entre deux siècles.
Soudainement devant nous sans masque, non moins fascinant, même
plus encore.
Les premiers mois de 1996 à Paris ont
vu la reprise de L'Importance d'être constant et
la prolongation d'Un Mari idéal à guichet
fermé. Par contre, dans les pays anglophones, on commence
à l'étudier, entre autre, en tant que journaliste
et critique d'art. On échange les points de vue. C'est
bien pour Oscar Wilde, car les réputations, comme les
langues, doivent être constamment en mouvement pour ne
pas mourir.
1997.
[ARAGON
(Louis)]. Album Aragon. Iconographie choisie
et commentée par Jean Ristat. Paris, Gallimard,
1997. In-8° sous reliure, Rhodoïd et étui imprimé
d'éditeur, 479, [1] p., très nombreuses illustrations,
(collection « Album de la Pléiade »,
n° 36), exemplaire en très bel état.
Avant-propos :
Je
ne suis pas le biographe d'Aragon. L'uvre se suffit à
elle-même. Je n'aime pas fouiller dans les tiroirs, ouvrir
le courrier des autres. S'il y a un secret, il ne m'appartient
pas de le lire. Et si l'écriture, comme l'amour, était
l'expérience même de la dépossession ?
Je ne suis pas historien. On voudra bien me pardonner mon traitement
de la chronologie encore qu'elle en vaille d'autres.
Au demeurant, la « mémoire de diamant »
d'Aragon, elle-même...
J'ai rencontré Aragon en 1965. Elsa,
alors, m'appelait son « complice ».
J'ai fermé les jeux du poète en 1982. Je ne dis
pas cela pour provoquer, ne prétendant à aucune
autorité. Ma lecture de l'uvre et de la vie d'Aragon
n'engage que moi. Je dis ce que je crois et le peu que je sais.
Je ne donne pas la leçon. Et, contrairement à d'autres,
surtout pas à Aragon ou à Elsa.
Je livre un témoignage. Le lecteur trouvera,
çà et là, quelques informations inédites.
J'ai, au bout du compte (du conte ?), beaucoup écrit
sur Aragon. Non comme un juge qui aurait eu le dernier
mot, mais en tant qu'acteur qui n'a cessé de réécrire
son rôle et celui d'Aragon dont j'ai fait un personnage
de fiction sur la scène de mon propre théâtre.
Le mensonge la littérature est
le meilleur et le plus tortueux chemin pour apercevoir une vérité
qui se dérobe. Toujours déguisée.
Il y a des gens pour ne parler que de politique.
Pas seulement dans les cafés. Dans les salons aussi. Ou
à la télévision. Ceux, par exemple, qui
n'ont jamais rien fait, jamais rien lu. Les prudents de toujours,
pour qui Aragon aurait dû savoir. Ou a su, et s'est tu.
Je plains ceux qui ne se sont jamais trompés parce qu'ils
n'ont jamais rien risqué !
Aragon, homme politique et toujours écrivain.
A-t-on seulement réfléchi sur la nécessité
de retrouver, pendant la « drôle de guerre »,
une forme poétique, fine et rimée, qui puisse permettre
à tous ceux qui voulaient résilier de garder force
et courage ? Une forme « nationale »
afin de ne pas perdre la mémoire.
Je n'aurai été qu'un passeur.
En acceptant la mission testamentaire qu'Aragon m'a fait l'honneur
de me confier, je n'ai obéi qu'à ce devoir de transmission
qui nous fait homme parmi les hommes. C'est pourquoi, après
la délivrance du legs des manuscrits à la nation,
dont le C.N.R.S. est le dépositaire (et celui, d'autre
part, du Moulin de Saint-Arnoult), j'ai autorisé la publication
de mes archives personnelles pour la réalisation de cet
album.
Aujourd'hui, dans ce grand désert de
vie seuls passent quelques fantômes dont la grandeur aura
été d'aimer à mourir.
1998.
Album
Julien Green.
Iconographie choisie et commentée
par Jean-Éric Green et légendée par
Julien Green. Paris, Gallimard, 1998. In-8° sous reliure,
Rhodoïd et étui imprimé d'éditeur,
286, [2] p., très nombreuses illustrations, (collection
« Album de la Pléiade », n° 37),
exemplaire en très bel état.
Avertissement de Jean-Éric
Green :
Voici
une biographie courte, mais complète, ne présentant
que des faits. Il ne pouvait s'agir d'expliquer l'uvre,
mais seulement d'en montrer la diversité par des images,
et, à travers les portraits d'ancêtres, de révéler
les traits irréductibles de toute une race qui, avec la
patience du temps, produit l'enfant la résumant et la
représentant le mieux.
D'autre part, il était difficile d'omettre
tout à fait mon nom. Les liens de parenté et le
fait d'écrire ce texte ne pouvaient que me gêner ;
aussi ai-je délibérément choisi d'être
impersonnel, puisque je ne pouvais sans trahir 1'affection que
j'ai pour mon père me passer tout à fait sous silence.
Bien d'autres choses eussent été
à mentionner, il faut laisser place à l'imagination,
et puis toute vie privée n'a-t-elle pas droit à
sa zone de silence ?
P.S. Et merci à Julien Green pour avoir
enrichi le présent volume de nombreuses photographies
prises par lui tout au long de sa vie.
35 euros (code de commande
: 25047*).
1999.
Album Jorge Luis Borges. Iconographie réunie
et commentée par Jean-Pierre Bernès. (N°38).
Rhodoïd et étui imprimé, à l'état
neuf..
2000.
Album Un siècle de N.R.F. Iconographie réunie
et commentée par François Nourrissier. (N°39).
Rhodoïd et étui imprimé, bon exemplaire (coins
un peu émoussés).
25 euros (code de commande : APl/39*)
2001.
Album Marcel Aymé. Iconographie réunie
et commentée par Michel Lecureur. (N°40). Rhodoïd
et étui imprimé, à l'état neuf.
2002.
Album Queneau. Par Anne-Isabelle Queneau.
(N°41), Rhodoïd et étui imprimé, à
l'état neuf.
2003.
Album Simenon. Iconographie choisie et commentée
par Pierre Hebey. (N° 42), Rhodoïd et étui
imprimé.
25 euros (code de commande : APl/42*)
2004.
Album
Diderot. Iconographie choisie et commentée par
Michel Delon. Paris, Gallimard, 2004. In-8° sous reliure,
Rhodoïd et étui imprimé d'éditeur,
297, [5] p., très nombreuses illustrations en noir et
en couleurs, (collection « Album de la Pléiade »,
n° 43), exemplaire en très bel état.
Avant-propos :
Denis
Diderot s'est imposé comme notre principal contemporain
au XVIIIe siècle. Il est pleinement l'homme de son temps,
entre Régence et Révolution, par son enthousiasme
pour le savoir, par ses espoirs dans un avenir meilleur, par
son libertinage et son goût de la vie. Il est notre contemporain
par sa méfiance des certitudes toutes faites et des systèmes
dogmatiques, par son sens de la diversité et de la complexité
du monde, par son jeu avec les mots et les genres. Il l'est surtout
par sa façon familière de s'adresser à nous.
Lui qui a conçu l'Encyclopédie comme un
dialogue entre les articles et les planches, qui a inventé
le genre du salon comme une rivalité entre les mots et
les formes artistiques, il méritait un album qui marie
les images et le texte, qui allie discours et couleurs. Mais
comment, dira-t-on, enfermer une curiosité aussi dispersée,
une uvre aussi polymorphe dans l'espace restreint d'un
album ? Diderot lui-même nous a appris que nous aimions
souvent deviner plutôt que voir, imaginer plutôt
qu'épuiser du regard. Les pages qui suivent se proposent
d'être une simple invitation à la vie et à
l'uvre de l'ami Denis. Replaçons-le dans son cadre
et son décor. À la façon dont il suivait
de l'il les courtisanes du Palais-Royal, accompagnons-le
parmi ses contemporains ; retrouvons-le aussi chez tous ceux
qui se réclament de lui, tous ceux qui ont puisé
chez lui leur inspiration.
2005.
Album des Mille et une nuits. Iconographie choisie
et commentée par Margaret Sironval. Rhodoïd
et étui imprimé, (n° 44), à l'état
neuf.
2006.
Album Cocteau. Biographie et iconographie de Pierre
Bergé. Paris, Gallimard, 2006. In-12 sous reliure,
Rhodoïd et étui imprimé, 369 p., nombreuses
illustrations en noir et en couleurs, (collection « Albums
de la Pléiade », n° 45), exemplaire
à l'état de neuf.
Extrait de l'avant-propos
:
Un
portrait de Cocteau est toujours mouvant. Comme le nu descendant
l'escalier. Il ne cesse de fuir l'objectif pour le subjectif.
Quant à l'adjectif, « les poètes
doivent le craindre comme la peste » : d'où
le galbe ingresque de sa phrase, le trait sans remords de ses
dessins, le fil de sa conversation et le « bruit
latin » de sa prose, comme disait Jules Lemaître.
« Trente ans après ma
mort, je me retirerai fortune faite. » Il se survit
sur un grand pied, mais a-t-il existé ? Excès
de preuves : une uvre multiforme, du rarement vu.
Poésie de roman, poésie critique, poésie
cinématographique, poésie de théâtre,
poésie graphique... On l'a accusé d'avoir prostitué
cette dame à tous les carrefours. Déniaisée,
sûrement. Autrement serait-elle descendue de son Olympe ?
montée en avion ? allée au cinéma ?
entrée sous la Coupole ?
Certes, il y a des photos, mais elles montrent
un museau de renard, des doigts d'escamoteur : cet incube
dont Breton redoutait la succion aura vidé de son sang
un siècle qui en versa des seaux. Habillé de couleur
du temps, il a l'air d'un cadavre exquis. Mais il résiste
à l'autopsie. De fait, où inciser ? Corps
magnétique, Cocteau s'avance couvert d'inventions, comme
le saint avec ses attributs, « la crasse calomnieuse
dont je suis recouvert ». Saint martyr, donc :
on lui a planté tant de clous un peu partout qu'on dirait
une idole votive. Comment expliquer pareil phénomène ?
François Mauriac propose une définition pour le
Larousse du futur : « Cocteau (Jean), né
en 1880, ubiquiste français. »
Il y a bien ses autoportraits, mais ils ont
l'air de copies d'antiques, quand ils n'ont pas perdu les yeux,
le nez ou les bras. À force de ressembler à l'aurige
de Delphes avec ses yeux de céramique, il devient mythologique.
Son quadrige : poésie, roman, cinéma, théâtre.
« Le génie est un cheval emballé qui gagne
la course », il les menait tous.
Qu'y pouvait-il, si Le Sang d'un poète
portait à son comble le film surréalisme et le
démodait ? Si Les Parents terribles donnait
de l'enflure au style de Bernstein ? Si Le Livre blanc
rangeait Corydon parmi les traités de médecine ?
Et si La Difficulté d'être le surclassait
lui-même ? « Il est partout chez lui,
dans tous les genres, et simultanément, résume
le même Mauriac, c'est extrêmement fort. »
Stravinski subit semblables foudres lorsque, d'un coup d'essai,
il fit pousser au dodécaphonisme son chant du cygne. Pourtant,
le Russe est aujourd'hui regardé comme un démiurge.
Cocteau, pendant longtemps, fut plutôt considéré
comme le pantin de Petrouchka.
C'est qu'il n'y a à ses débuts
ni Sacre du printemps ni Demoiselles d'Avignon.
Le Buf enfourche Dada. Vocabulaire (1923)
est imbibé d'Alcools. Imposteur, contrefacteur,
suiveur, illusionniste, « Paganini du violon d'Ingres »,
peut-être même alchimiste : Cocteau sent le
soufre. Et ce « funeste goût de plaire » !
Amant, aimant, électro-aimant, il attirait même
la pacotille, de la limaille symboliste aux bronzes d'Arno Breker.
Éternel procès du loup fait à l'agneau.
Breton ne lui pardonnait pas d'avoir pris au mot Lautréamont :
penché sur le grand corps du siècle, le scalpel
à la main, Cocteau n'a cessé de juxtaposer les
contraires, abolissant toute hiérarchie dans l'art. Du
coup, il se retrouve le père d'Andy Warhol. L'uvre
et l'homme sont équivalents, s'accouplent, indiscernables.
25 euros (code de commande
: 20199).
2007.
Album Montaigne.
2008.
Album
Breton. Iconographie choisie
et commentée par Robert Kopp. Paris, Gallimard,
2008. In-12 sous reliure, Rhodoïd et étui imprimé,
330, [28] p., nombreuses illustrations en noir et en couleurs,
(collection « Albums de la Pléiade »,
n° 47), exemplaire à l'état de neuf.
Extrait de l'avant-propos
:
La
figure d'André Breton a suscité autant de ferveur
que de réticences. Pour ses admirateurs et, a fortiori,
pour ceux qui se croient ses disciples, il est l'inventeur et
l'animateur du plus important mouvement d'avant-garde du XXe
siècle, qui a bousculé tous les codes littéraires
et artistiques et transformé, trente ou quarante ans avant
les situationnistes ou Mai 68, non seulement nos façons
de voir et de sentir, mais jusqu'à notre rapport au monde.
Pour ses détracteurs, en revanche, il n'est qu'un révolutionnaire
sans révolution, incapable de passer du geste à
l'action, mais veillant jalousement à la pureté
d'une doctrine oscillant entre totalitarisme et tables tournantes.
En effet, Breton est l'homme de toutes les
contradictions. Il n'a pas cessé, après Rimbaud
et Lautréamont, de dénoncer la littérature,
voire l'inanité même de l'acte d'écrire :
« Il est inadmissible que l'homme laisse une trace
de son passage sur terre. » Breton a cependant pris
soin d'en inscrire un grand nombre tout au long de son parcours.
Si bien que, dès 1930, René Daumal lui avait prédit
de finir au panthéon des auteurs classiques : « Prenez
garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels
d'histoire littéraire, alors que si nous briguions quelque
honneur, ce serait d'être inscrits pour la postérité
dans l'histoire des cataclysmes. »
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