BILLER (Maxim) 24 heures
dans la vie de Morcechaï Wind. Roman
traduit de l'allemand par Philippe Giraudon. Paris, Denoël,
2001. In-8° broché, 413 p., (collection « Denoël
& d'Ailleurs »)..
En quatrième
de couverture :
« Mordechaï (Motti) Wind est israélien. Vétéran
de la guerre du Liban, soldat d'un pays toujours au bord de l'explosion,
c'est l'homme d'une passion : sa fille, qu'il n'a pas revue depuis
qu'il s'est séparé de sa femme allemande, dix ans
auparavant. Cette passion vire au cauchemar lorsqu'il croit la
reconnaître dans une vidéo porno. Hanté par
la figure de son enfant disparue, Motti mène l'enquête
sans relâche, par-delà les limites de la raison.
Mais malgré la folie obscène qui l'envahit, la
complexité insoluble des rapports judéo-allemands
qui le ronge, il ne veut pas, ne peut pas abandonner. Par amour
il ira jusqu'au bout.
Avec ce premier roman puissant et sobre, Maxim Biller s'inscrit
dans la lignée d'un Saul Bellow ou d'un Philip Rpth. Une
plongée vertigineuse dans le monde labyrinthique du couple
père-fille. »
12 euros (code de commande
: 10093).
BÖLL (Heinrich) Les
enfants des morts. Traduit
de l'allemand par Blanche Gidon. Paris, Seuil, 1955. In-8°
broché, 283 p.
10 euros (code de commande
: 45/70).
[BRENTANO (Clément)]. GARREAU (Albert) Clément Brentano. Paris, Desclee De Brouwer
et Cie, s.d. In-8° broché, 290 p.,
illustrations hors texte, exemplaire non coupé, bande
d'annonce.
15
euros (code de commande : 63/71).
CAROSSA
(Hans) Journal de guerre (Roumanie). Traduit de l'allemand par J. Leguèbe.
Paris, Grasset, 1938. In-8° broché, 195 p., (collection
« Romans Étrangers »), couverture
un peu défraîchie.
En quatrième
de couverture :
À
leur admiration pour l'uvre de Hans Carossa, les Allemands
attachent aujourd'hui un peu le même sens qu'au culte de
Gthe.
Du chaos où leur âme se complaît
et de l'incertitude qui l'agite sans cesse, Gthe a su tirer
quelques pages qui n'ont rien perdu de leur vérité
allemande et humaine, un siècle plus tard. Mais
Gthe est un être prométhéen. Il s'est
d'abord insurgé contre l'ordre de la Nature et les lois
de la vie, et ce n'est qu'au prix de grandes souffrances et de
longs combats qu'il atteignit parfois à une forme éternelle.
Carossa ne s'est jamais révolté
contre les lois de la vie. La carrière de médecin
qu'il choisit était bien celle qui convenait au parfait
synchronisme de sa pensée et du mouvement de la Nature.
Jamais Carossa n'a besoin de se faire violence ou de faire violence
aux choses. Sa pensée et son verbe se développent
tout naturellement, reconstruisant dans un poème ou un
roman un morceau d'Allemagne éternelle. C'est ce qui fait
de Carossa pour le Français une des plus précieuses
sources de connaissance de l'Allemagne.
Hans Carossa est né pendant l'hiver
1878 à Tölz en Haute-Bavière, dans une maison
entourée d'un jardin. Tölz est une station balnéaire
sur l'Isar, sous les premières pentes de verdure des Alpes.
Le père de Carossa était médecin.
Toute la vie de Hans Carossa s'est ainsi déroulée
au milieu de la douleur humaine, et cependant aucune amertume
ne se mêle à son uvre toute, faite de sensations
formelles, colorées ou musicales et de profonde spiritualité.
L'uvre de Carossa se limite à
quelques livres. Il n'a éprouvé le besoin d'écrire
que ce qu'il a ressenti ou pensé. Il existe de lui une
véritable histoire de la vie humaine, de l'enfance à
la vie mûre.
Dans Une enfance et les transformations
d'une jeunesse, Carossa décrit sa propre enfance et
ses premiers contacts avec la Nature. Dans le Docteur Gion,
l'homme aborde quelques-uns des plus profonds mystères
de la vie et pie la mort. Carossa n'a pu éviter la descente
aux enfers « au royaume des Mères »
que fit tout grand Allemand. Il lui faut pour être complet
et comprendre la vie, avoir frémi au contact de la souffrance
et de la mort. Cependant, même pendant ce voyage dans la
nuit, Carossa ne perd jamais le sentiment des choses les plus
simples et les plus délicates de la Nature et de l'homme.
Dans Les mystères de la vie mûre,
Carossa est reposé et serein, mais sa sensibilité
reste la même.
Et puis, il y a un recueil de poésies
de 114 pages, des notations rapides, des impressions journalières,
des sentiments familiers.
À ces quelques livres se serait sans
doute bornée son uvre si la guerre n'était
pas survenue. Hans Carossa, l'a faite comme médecin de
bataillon. Il a vécu tout près des souffrances
des soldats de première ligne. Il aurait pu nous rapporter
un livre de guerre comme tant d'autres, ou un plaidoyer ou un
tableau horrifiant et sans pudeur. Il a su profiter de l'épreuve
de la guerre pour mieux dégager et développer sa
personnalité. Dans le Journal de Guerre tout est
plus net, plus clairement défini, le style comme les sentiments.
« Ces heures angoissantes où la vie et la mort
s'unissent étroitement, cela raffermit et rend plus lumineux
l'être de chacun et, comme une mauvaise cloche de plomb
trempée dans un acide pur rend le son d'une cloche d'argent,
ainsi chacun se met à parler de propre parole. »
La guerre paraît avoir délivré Carossa de
ces gênes ressenties par tout Allemand lorsqu'il s'agit
d'enfermer la pensée dans la forme comprimante d'un mot.
Car Hans Carossa pense lui aussi que « les idées
n'ont pas besoin de paroles ».
Cette limpidité du Journal de Guerre
ne lui fait pas perdre son profond caractère allemand.
C'est pourquoi nous avons voulu le présenter tout d'abord
au lecteur français.
Il est une autre raison : à Carossa
lui-même ce petit livre est un des plus chers. Carossa
aime ses livres parce qu'ils sont des parties de sa propre vie
et parce qu'il y reconnaît la forme qui assure l'Éternité.
Il n'a aucun amour-propre littéraire, cependant il est
le plus grand écrivain allemand contemporain.
Plus allemand dans sa pensée et dans
son expression que Thomas Mann toujours hanté par le désir
d'être « humaniste » autant qu'allemand,
Hans Carossa s'approche parfois avec plus de facilité
de l'humain car il est d'une simplicité et d'une modestie
étonnantes. Le traducteur doit quelquefois reculer devant
une naïveté que le français n'admettrait pas.
Cette grande modestie de Carossa l'a fait se
tenir à l'écart de la politique et des tribunes.
Il vit au bord du Danube, au milieu de ses chères forêts
de Bavière, certain de ce qu'une longue vie de sagesse
lui a permis d'accumuler de trésors.
Il n'est pas l'écrivain de l'avant-garde
de la jeunesse car cette jeunesse n'a pas toujours eu le temps
de penser. Il est le conseiller, le maître de tous ceux
qui se sont déjà heurtés à la vie.
Il les conduit, avec la plus grande simplicité et la modestie
à la sérénité.
« Aujourd'hui, pour la première
fois, nous avons bu de l'eau du nouveau puits. Elle est si pure
et si rafraîchissante. Les voisines déjà
viennent en puiser. Elles ne savent cependant pas encore si elles
doivent croire que ma baguette n'était pas une baguette
magique mais une simple branchette fourchue de coudrier. »
Mais surtout qu'on ne se méprenne pas :
Hans Carossa est profondément allemand. Il est pénétré,
comme toute l'Allemagne, de l'idée de la grandeur de son
pays et de sa Race.
13 euros (code de commande
: 21665).
EDSCHMID (Kasimir) Destin
allemand. Introduction et
traduction de J. Benoist-Mechin. Paris, Plon, 1952. In-8°
broché, XI + 458 p., (collection « Feux Croisés
»)
10 euros (code de commande
: 10097).
ENZENSBERGER
(Hans Magnus) Hammerstein ou l'intransigeance. Une histoire allemande.
[Titre original : Hammerstein oder der Eigensinn.]
Traduit de l'allemand par Bernard Lortholary. Paris,
Gallimard, 2010. In-8° collé, 391 p., illustrations,
(collection « Du Monde Entier »), exemplaire
en parfait état.
En quatrième
de couverture :
«
La peur nest pas une vision du monde ». Cest
par ces mots quen 1933, Kurt von Hammerstein, chef détat-major
général de la Reichswehr, résolut de tourner
le dos à lAllemagne nouvelle, et à Hitler
devenu chancelier. Issu dune très ancienne lignée
d'aristocrates prussiens, Hammerstein méprisa profondément
lhystérie funeste où sengageait son
pays. On voulut ignorer son avertissement, et cest en vain
que le général, de complots en dissidences, tenta
de freiner le désastre. Jusquà sa mort en
1943, Hammerstein aura préservé son indépendance,
raidi dans une intransigeance devenue héroïque. Ses
sept enfants eurent eux aussi des destins singuliers, prenant
parti, contre tout réflexe de classe, pour la résistance
intérieure.
Le livre du grand écrivain allemand
Hans Magnus Enzensberger nest une biographie quen
apparence. Car il sagit d« une histoire
allemande », un récit tissant par mille moyens
divers les destins individuels et le devenir collectif. Modeste
devant la science historique, Enzensberger a choisi la liberté
du narrateur : « même en dérapant
à lécart des faits, on peut tout à
fait parvenir à des vues justes ». Et lorsquil
dialogue avec les morts, Enzensberger en véritable sorcier
invoque les esprits.
À travers la multitude de ces vies qui
se croisent, séveille le fantôme de la catastrophe
allemande, révélant la décomposition de
la République de Weimar, le passage de la vieille Prusse
à lordre nouveau, la sournoise complicité
de lAllemagne avec lUnion soviétique, léchec
de la résistance, la folle association de lidéologie
la plus fanatique et du cynisme le plus froid.
Cest parce quil a un sens aigu
de ce quest un destin quEnzensberger nous offre ici
un grand livre.
15 euros (code de commande
: 28602).
FRENSSEN (Gustav) Le naufrage de l'Anna-Hollmann.
Roman traduit de l'allemand par L. Servicen. Paris, Albin
Michel, 1942. In-12 broché, 251 p., (« Collection
des Maîtres de la Littérature Étrangère
»).
7,50 euros (code de commande
: 7509).
FÜHMANN (Franz) Vingt-deux jours ou
la moitié de la vie. Traduit de l'allemand par Philippe Préaux.
Paris, Flammarion, 1988. In-8° broché, 255 p., exemplaire
du Service de Presse, ouvrage épuisé au catalogue
de l'éditeur.
10 euros (code de commande
: 10099).
FÜRNBERG (Louis) Rencontre
à Weimar. Traduit
de l'allemand par Philippe Giraudon. Paris, [Le Promeneur], 1996.
In-12 broché, 117 p., (collection « Le Cabinet des
Lettrés »).
9 euros (code de commande
: 10101).
GRASS (Günter) Le
Tambour. Roman.
Traduit de l'allemand par Jean Amsler. Paris, France Loisirs,
1979. In-8° sous reliure et jaquette d'éditeur, 525
p.
5 euros (code de commande
: 10104).
GRASS (Günter) Le
Turbot. Roman.
Traduit de l'allemand par Jean Amsler. Paris, France Loisirs,
1980. In-8° sous reliure et jaquette d'éditeur, 533
p.
5 euros (code de commande
: 10103).
GRASS (Günter) et KOHOUT (Pavel)
Lettres par-dessus la frontière. (Essai d'un dialogue Est-Ouest.) Préface de Dieter E. Zimmer. Traduction
de Richard Denturck. Paris, Bourgois, 1969. In-8° broché,
152 p.
En quatrième de couverture
:
« À la suite de la publication, en septembre 1967,
d'un Manifeste des Écrivains tchécoslovaques
sujet à caution, une correspondance s'instaura entre Günter
Grass et le dramaturge tchèque Pavel Kohout et dura jusqu'en
janvier 1968.
Réunie en volume et lue en septembre 1968, juste après
l'été qui sonnait le glas du « printemps
de Prague », cette confrontation entre deux hommes de gauche,
qui faisait ressortir ce qui les unissait et ce qui les séparait,
prenait un sens éclatant. Tant d'événements
sont venus depuis disperser l'attention qu'on a peine à
croire que ces lettres furent écrites il n'y a pas deux
ans. Leur intérêt n'en reste pas moins certain par
l'éclairage rétrospectif qu'elles jettent sur tout
un mouvement de pensée qui devait remettre en cause une
certaine forme de socialisme. »
6,50 euros (code de commande
: 8718).
HANDKE
(Peter) Les trente-six
vues de la Sainte-Victoire. Jean-Christophe Ballot photographe.
Peter Handke écrivain. Extrait de La leçon
de la Sainte-Victoire (traduit de l'allemand par Georges-Arthur
Goldschmidt). Préface de François Barré.
Paris, Gallimard, 2010. In-8° oblong sous cartonnage d'éditeur,
127 p., reproductions photographiques en noir et en couleurs,
exemplaire en très bel état.
En quatrième
de couverture :
En
quatre saisons, Jean-Christophe Ballot a arpenté la montagne
Sainte-Victoire jusqu'à s'y fondre, s'y dissoudre, en
quête d'une révélation.
En écho aux Trente-six vues du mont
Fuji gravées par Hokusai, l'artiste retient une séquence
de 36 vues de la montagne, en 46 tableaux. Il y restitue les
variations incessantes des jeux de l'air et de la lumière.
Avant lui, en hommage à Paul Cézanne,
Peter Handke avait traduit dans La leçon de la Sainte-Victoire
la nécessité qui s'était imposée
à lui de découvrir et d'interroger cette montagne
provençale.
En mêlant les images de Jean-Christophe
Ballot à des extraits du texte de Peter Handke, l'ouvrage
force la rencontre inédite de deux uvres et de deux
regards intemporels et poétiques sur un site inscrit dans
le patrimoine naturel, culturel et vivant.
18 euros (code de commande
: 25140).
[HOFFMANN] (E.T.A.) L'Ombre
de soi-même. E.T.A. Hoffmann une biographie. Paris, Phébus, 1992. In-8° broché,
237 p., exemplaire du Service de Presse.
11 euros (code de commande
: 7113).
HOFMANN (Gert) La petite
marchande de fleurs. Roman
traduit de l'allemand par Susi et Michel Breitman. Paris, Laffont,
1996. In-8° broché, 247 p., (collection « Pavillons
»).
10 euros (code de commande
: 10108).
[JAHNN
(Hans Henny)]. MUSCHG (Walter) Entretiens avec Han
Henny Jahnn. Traduit par
Huguette et René Radrizzani. Paris, Corti, 1995. In-8°
broché, 203 p.
En quatrième
de couverture :
« C'est à Walter Muschg, alors jeune assistant à
l'Université de Zurich, que nous devons ce document unique
: l'autobiographie d'un des auteurs les plus étonnants
du siècle.
À défaut d'être un récit objectif,
ce texte montre comment Jahnn lui-même voyait son évolution
et désirait être vu par autrui. Nous y trouvons
tous ses fantasmes, toutes ses phobies.
Marginal et replié sur lui-même, Jahnn se crée
un extraordinaire monde intérieur : ses efforts pour le
transposer dans la réalité extérieure, dans
une « communauté de foi », étaient
nécessairement voués à l'échec. Meurtri
et résigné, il bâtira dorénavant ses
cathédrales dans son uvre littéraire : les
romans Perrudja et Fleuve sans rives. C'est là
que ses visions s'incarnent, avec une force hallucinante, incantatoire,
onirique. Cette tentative d'extérioriser et de communiquer
une vision intérieure, très personnelle, se reflète
dans le style de l'auteur qui cherche constamment à justifier
rationnellement un irrationalisme foncier, et dans la nécessité
de faire la conquête d'un langage authentique.
En effet, la forme, la langue, sont uniques, incomparables. Le
langage du grand auteur n'est pas celui de la facilité,
mais le résultat d'une lutte perpétuelle : incapable
de s'exprimer au moyen des clichés d'une langue conventionnelle,
figée, il doit, à chaque fois, retrouver le mot
juste, originel, le puiser à la source, pour exprimer
sa vision originale. »
11 euros (code de commande
: 9375).
JÜNGER (Ernst) Héliopolis.
Vue d'une ville disparue.
Traduit de l'allemand par Henri Plard. Paris, Plon, 1952. In-8°
broché, 383 p., (collection « Feux Croisés
»).
7,50 euros (code de commande
: 6007).
KAFKA (Franz)
L'Amérique. [Titre original : Amerika.]
Traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte. Postface
de Max Brod. Paris, Gallimard, 1949 (mention de 25e édition).
In-8° broché, 339 p., papier très jauni.
La première
édition est parue en 1946.
Postface :
Le
manuscrit de Franz Kafka ne porte aucun titre. Quand il en parlait,
il l'appelait son « roman américain » ;
plus tard, lorsque (en 1913) le premier chapitre eut paru sous
forme de nouvelle détachée, il disait « Le
Chauffeur » pour le tout comme pour le premier chapitre.
Il travaillait à cette uvre avec un immense plaisir,
le soir la plupart du temps et jusqu'au cur de la nuit ;
les feuillets présentent étonnamment peu de corrections
et de ratures. Kafka avait conscience, il le disait souvent,
que ce roman était plus gai, plus lumineux que tout le
reste de son uvre. Je note ici quil aimait
les mémoires et les relations de voyage, que là
biographie de Franklin était un de ses ouvrages préférés,
quil en lisait volontiers des passages à ses amis
et quil a toujours éprouvé la nostalgie de
la liberté et l'amour des pays lointains. Il n'a cependant
jamais dépassé la France ou l'Italie septentrionale ;
c'est l'aurore de l'imagination qui donne sa couleur particulière
à ce récit d'aventures.
Kafka cessa soudain d'y travailler de la façon
la plus inattendue. Louvrage resta inachevé. Je
sais, par des conversations, que le chapitre incomplet du « Théâtre
d'Oklahoma » dont il aimait particulièrement
l'introduction et qu'il lisait de façon très émouvante,
devait former le chapitre final et nous réconcilier avec
la destinée. Kafka semblait promettre en souriant que
son jeune héros trouverait comme par miracle, dans ce
théâtre presque illimité, une profession,
la liberté, un soutien et ses parents. [...]
Il est évident que ce roman est en étroite
relation avec Le Procès et Le Château,
dont il inaugure chronologiquement la série. Cest
une trilogie de la solitude que Kafka nous a laissée là.
L'isolement de l'individu parmi les hommes, l'étonnement
de cet individu perdu au milieu d'eux, voilà le thème
essentiel de ses récits. La situation de l'accuse dans
Le Procès, dans Le Château celle de
l'étranger qui n'a pas été invité,
et, dans Amerika, la détresse d'un enfant sans expérience,
égaré au sein d'un pays où la vie fait rage,
voilà trois données fondamentales dont la mystérieuse
parenté ressort clairement de l'art si net et si
symbolique de Kafka, bien quil ne s'exprime jamais dans
le langage ordinaire du symbole et n'use que du mode d'expression
le plus simple. Chacun de ses romans aide donc à comprendre
les autres ; ils nous ramènent tous à un seul
et même centre. Il s'agit dans tous trois d'assigner à
l'individu sa place dans une communauté humaine et, comme
ce classement doit être opéré avec une justice
suprême, de lui marquer aussi sa place dans un royaume
de Dieu. Kafka nous montre les formidables résistances
auxquelles cette opération expose précisément
lhomme juste et scrupuleux. Dans Le Procès
et Le Château, ce sont les résistances qui
l'emportent, et ceci confère à ces deux ouvrages
la valeur de tragiques documents. Mais dans Amerika, l'innocence
enfantine, la touchante naïveté et la pureté
du héros, parviennent au dernier moment à faire
échec à la fatalité. Nous sentons que ce
brave Karl, qui a vite gagné notre affection, réussira
à atteindre son but malgré toutes les fausses amitiés
et les hostilités perfides, quil fera un galant
homme et se réconciliera avec ses parents. [...] Mais
la voie qui mène à ce but est coupée de
mille difficultés et de souffrances formidables. « Il
est impossible de se défendre si les autres n'y mettent
pas de la bonne volonté », dit encore ici Kafka
avec tristesse et reproche dans cet interrogatoire chez le gérant
qui présente tant de démonismes communs avec ceux
qui apparaissent dans le jugement décrit par Le Procès.
Mais ici, la lutte pour le vrai se trouve conduite avec une conscience
plus calme et avec une juvénile énergie. À
voir ce héros incessamment blackboulé chercher
en vain un poste inaccessible à travers les ironies du
destin, on songe aux tentatives désespérées
de l'expert du Château ; mais ici, dans Anierika,
malgré les circonstances qui en affaibliront l'effet,
Karl finira par trouver l'engagement rédempteur.
Kafka n'épargne pas plus ce Karl que
les personnages centraux de ses deux autres romans dont l'initiale
du nom est également K comme celle de Kafka
lui-même. Car, bien qu'on en ait pensé dans
certaines de leurs critiques, la langue transparente et sans
fleurs de ces deux uvres ne dissimule pas une froideur
de lauteur mais seulement une infinie sévérité,
indissolublement liée à une pitié infinie
qui sait faire jouer avec une extrême délicatesse
les soupapes les plus compliquées. Il semble cependant
que dans Amerika, Kafka se soit trouvé plus libre
avec son brave et honnête héros. Il cache moins
sa sympathie, il s'y laisse aller carrément. Son cur
saigne à chaque injustice que l'on fait à cet innocent
désarmé. Il y a dans ce livre (et surtout dans
les scènes du faubourg, que jai intitulées
Asile) des passages qui rappellent irrésistiblement
Chaplin, mais il s'agirait de films si beaux qu'ils n'ont évidemment
jamais été écrits ; il ne faut pas
oublier cependant quà l'époque où
Kafka rédigeait ce roman (avant la guerre de 1914) Charlot
était encore inconnu et n'avait peut-être même
rien donné.
Il est possible quAmerika soit
précisément le roman qu'il fallait pour amener
à Kafka par une nouvelle voie par la voie
de lhumanité, de la simplicité et de la compassion
et que sa publication permette désormais aux autres uvres
de Kafka déjà parues, spécialement à
ses deux autres grands romans posthumes, d'atteindre leur effet
d'eux-mêmes sans aucune interprétation. Je remarque
d'après les lettres et les essais critiques qui me parviennent
de plus en plus abondamment qu'on se met à reconnaître
et à aimer de plus en plus la grandeur de l'uvre
de Kafka, une uvre unique et qui impose le respect. Ses
écrits posthumes comprennent encore deux grandes nouvelles
inachevées mais dont le plan apparaît nettement,
une ébauche de drame, une série d'aphorismes complète
sur le thème du péché et du rachat, de nombreux
fragments et un journal très détaillé dont
bien des parties peuvent être considérées
comme définitives. Quand tout cela sera imprimé,
il se pourrait que Kafka devint essentiel ; on ne saurait encore,
tant s'en faut, imaginer quelle importance il peut avoir.
10 euros (code de commande
: 30307).
KAFKA
(Franz) La Muraille
de Chine et autres récits. Traduit de l'allemand
par J. Carrive et Alexandre Vialatte. Paris, Gallimard,
1950 (mention de douzième édition, achevé
d'imprimer en février 1950). In-8° broché,
280 p., (collection « Du Monde Entier »),
papier très jauni.
Extrait de la préface
de Jean Carrive pour de l'édition de 1944 :
À
l'exception d'Un Vieux Parchemin et du Message Impérial,
que Kafka a publiés en 1920 parmi les récits du
Médecin de Campagne, les textes suivants font tous
partie des papiers posthumes. J'ai rassemblé ici, épars
dans trois des tomes des uvres Complètes, toutes
les esquisses se rapportant à « la Muraille
de Chine », et que des siècles auraient
sans doute séparées, si le récit n'était
resté à l'état de simple ébauche.
Kafka y travaillait dans les années 1918-1920 ; il
en a lui-même détruit une grande partie.
Les fragments qui nous restent révèlent
une des formes de la question où s'est trouvée
engagée la pensée de Franz Kafka avec une intensité
particulière : l'Homme aux prises avec le Transcendant,
c'est-à-dire dans la période nietzschéenne
de « la Mort de Dieu », avec la
négativité, en quelque sorte, du Transcendant.
Car, chez Kafka, Dieu reste innommé et n'apparaît
pas (ou à peine, comme ici, dans d'obscures allégories).
Comme une « Ombre Monstrueuse »,
il demeure à l'arrière-plan. Présent par
Son Absence même, Il se révèle autant dans
un insupportable sentiment de culpabilité que dans l'angoisse
d'un inexplicable vide ou dans l'indéfinissable pressentiment
d'un Oubli catastrophique d'où l'ambiance de
rêve, l'atmosphère d'inconditionné où
baignent les créatures kafkaïennes.
10 euros (code de commande
: 30306).
KAMINSKI (André) L'année prochaine
à Jérusalem. Roman. Traduit de l'allemand
par Jean-Claude Capèle. Paris, Julliard, 1986. In-8°
broché, 310 p., ouvrage épuisé au catalogue
de l'éditeur.
7,50
euros (code de commande : 10111).
KLEIST [(Heinrich von)] Le
prince de Hombourg. Traduit
et présenté par André Robert. Paris,
Aubier, 1951. Petit in-8° broché, XLIV + 2 x 89 p.
+ pp. 91-110, (« Collection Bilingue des Classiques Étrangers
»), exemplaire non coupé.
6,50 euros (code de commande
: 5059).
[KLEIST
(Heinrich von)]. MAASS (Joachim) Heinrich von Kleist.
Histoire de sa vie. [Titre original : Kleist - Die Geschichte
Seines Lebens.] Traduit de l'allemand par Jean Ruffet. Paris,
Payot, 1989. In-8° collé, 271 p., (collection
« Biographies »), quelques soulignements
crayonnés, exemplaire du Service de Presse.
En quatrième
de couverture :
« Il
vécut, chanta et souffrit en une époque trouble
et difficile. Il vint ici chercher la mort et y trouva l'immortalité. »
Ces deux phrases gravées sur sa tombe illustrent bien
la vie de Heinrich von Kleist (1777-1811).
En proie au mal de vivre, ses voyages incessants
sont autant de tentatives pour s'évader d'une réalité
qu'il supporte de moins en moins. Son errance s'achève
sur les bords du Wannsee. C'est là qu'il se donne la mort,
en compagnie d'une jeune femme, à l'âge de trente-quatre
ans.
Contemporain des romantiques, né dans
un siècle soumis à la double dictature de Goethe
et de Schiller, Kleist échappe à l'influence des
uns et des autres. Son uvre une mosaïque
de drames, de nouvelles et de courts essais témoigne
du combat qu'il poursuit sans trêve. Cet effort de libération
qui traverse tous ses textes en fait un auteur toujours d'actualité.
Parmi tous les ouvrages consacrés à
Kleist, la biographie de Joachim Maass, enfin traduite en français,
constitue une uvre majeure. Elle réussit à
cerner au plus près le cheminement de ce génie
de la langue allemande et donne les clés d'un destin lourd
en drames et en mystères.
12 euros (code de commande
: 17621).
KLUGE
(Alexander) Chronique des sentiments. Livre I.
Histoires de base. Textes
traduits de l'allemand par Anne Gaudu, Kza Han, Herbet Holl,
Hilda Inderwildi, Jean-Pierre Morel, Alexander Neumann et Vincent
Pauval. Livre II. Inquiétance du temps.
Textes traduits de l'allemand par Anne Gaudu, Kza Han, Herbert
Holl, Arthur Lochmann et Vincent Pauval. Édition dirigée
par Vincent Pauval. Paris, P.O.L., 2013 - 2018. Deux forts
volumes in-8° collés, 1132 et 1181 p., illustrations,
exemplaires en bon état.
Présentation
par l'éditeur :
«
Les sentiments sont les véritables occupants des vies
humaines. On peut dire deux ce que lon a dit des
Celtes (nos ancêtres, pour la plupart dentre nous) :
ils sont partout, seulement on ne les voit pas. Les sentiments
font vivre (et forment) les institutions, ils sont impliqués
dans les lois contraignantes, les hasards heureux, se manifestent
à nos horizons, pour sélever au-delà
vers les galaxies. On les trouve dans tout ce qui nous concerne. »
Alexander Kluge est relativement connu, en
France, pour sa filmographie, abondante et variée, qui
a dailleurs fait lobjet dune large rétrospective
à la Cinémathèque Française en 2013.
Lécrivain est en revanche ici pratiquement ignoré,
sinon des germanistes, alors quil est une des figures les
plus célèbres de la littérature allemande
contemporaine et salué comme tel par les médias
allemands, le public, lédition.
Son originalité réside dans une
manière de parler de la réalité contemporaine
allemande en sappuyant aussi bien sur son immense culture
classique que sur un maniement très original de la fiction,
à travers, le plus souvent, de brèves séquences
qui sont autant dapologues dont la juxtaposition et laccumulation
finissent par composer une véritable fresque de lhistoire
de son pays et, au-delà, de celle de la pensée
et de la sensibilité occidentales.
Cette écriture, cette démarche
si originales sont actuellement absentes du paysage littéraire
français, cest la raison pour laquelle une traduction
de lensemble de cette gigantesque entreprise quest
Chronique des sentiments nous a paru indispensable.
Les deux volumes : 30
euros (code de commande : 30025).
KRAUSS (Angela) À
tire-d'aile. Traduit de
l'allemand par Nicole Bary. Paris, Métailié, 2000.
In-8° broché, 115 p., (collection « Bibliothèque
Allemande »).
En quatrième
de couverture :
« Leipzig après les grands changements de 1989.
Dans son minuscule appartement dont les fenêtres s'ouvrent
sur les voies ferrées de la gare de marchandises, la narratrice
s'aperçoit tout à coup que l'univers qui lui était
familier est en train de changer. Par une chaude nuit d'été,
elle commence à arracher des murs de sa chambre les couches
de papiers peints que des générations successives
ont posées sur les murs, les unes sur les autres, depuis
la construction de la maison. Rien ne résiste à
son désir de déconstruction, pas même le
canapé, héritage de sa grand-mère et lieu
privilégié de ses aventures amoureuses.
Elle veut s'envoler et survoler le monde. Vers l'Ouest d'abord,
aux États-Unis, pour jouir des frontières désormais
ouvertes et de la liberté retrouvée, puis «
jusqu'à ce que l'Ouest devienne l'Est », jusqu'à
la Russie chaotique du début des années 90, où
elle retrouve son amie Toma qui a quitté la petite ville
de l'Oural où elle vivait pour Moscou. Les temps ont changé.
Devant sa porte, une Chrysler avec chauffeur et téléphone
cellulaire l'attend.
Angela Krauss ne raconte pas. Par petites touches, elle évoque
les êtres et les choses dans un monde qui se métamorphose.
»
6,50 euros (code de commande
: 10114).
LANGE (Hartmut) Une fatigue. Suivi de La promenade sur la grève.
Récits traduits de l'allemand par Dominique Tassel. Paris,
Fayard, 1989. In-8° broché, 205 p., (collection «
Littérature Étrangère »).
En quatrième
de couverture :
« Une même impossibilité de vivre ce qui,
pourtant, paraît à portée de la main unit
les personnages de ces deux récits, qu'ils se tiennent
sur le versant, menacé, de la normalité, ou sur
celui où l'on cède au délire.
Dans Une fatigue, une femme ne peut faire le deuil de
son mari et lui confère, dans la maison où elle
vit avec son père, une présence réelle,
quoique imaginaire, qui la rend étrangère à
son entourage. Ni son père ni surtout un ami médecin
qui l'aime ne peuvent, dans la simplicité parfois excessive
de leur sollicitude, répondre à cette étrangeté.
Dans La Promenade sur la grève, un libraire sujet
à des accès d'exaltation et d'hallucination essaie
d'aller au bout d'une promenade sur ces bancs de sable et de
vase, doux et menaçants, que la mer du Nord laisse en
se retirant. Ni son ami d'enfance, psychiatre berlinois auquel
il recourt de temps à autre, ni la jeune femme qui l'aime
et qu'il aime peut-être, mais sans se décider
à vivre réellement cet amour ne réussissent
à dissiper le brouillard dans lequel il cherche à
tâtons une issue à sa vie. Et c'est toujours sur
la présence d'un autre, mort ou imaginé, que tous
ces personnages tentent de régler leur pas.
Soucieuse et circonstanciée, la phrase de Hartmut Lange
traduit avec une délicatesse de vieil Européen
la dérive mélancolique de ces êtres que l'inintelligibilité
des cérémonies quotidiennes du monde menace de
noyer. »
9 euros (code de commande
: 10115).
LEWINSKY
(Charles) Melnitz. Roman.
Traduit de l'allemand par Léa Marcou. Paris, Grasset,
2009. In-8° collé sous jaquette, 776 p.
En quatrième
de couverture :
Melnitz
renoue avec la tradition du grand roman familial du XIXe siècle
tissé de bonheurs et de drames, de succès et d'échecs,
d'amours et de convulsions, au gré de la grande Histoire
qui vient sans cesse bousculer la petite. La saga des Meijer,
une famille juive suisse, court sur cinq générations,
de la guerre franco-prussienne à la Deuxième Guerre
mondiale.
1871 : le patriarche Salomon, marchand
de bestiaux, vit à Endingen, l'une des seules bourgades
helvétiques où les juifs sont autorisés
à résider. À partir de ce berceau des origines,
la famille commence son ascension sociale, sans jamais parvenir
à s'affranchir du destin des exclus : ce sera Baden
puis Zurich, puis l'entrée dans la modernité fracassée
par la guerre de 14-18. La famille éclate : le syndicalisme
militant aux États-Unis pour l'un, l'étude talmudique
au fin fond d'une Galicie menacée par les Cosaques pour
un autre, l'armée sous uniforme français pour un
troisième. La roue de l'Histoire tourne...
1945 : l'oncle Melnitz, revenu d'entre
les morts, raconte. Lui qui sait tout Melnitz, ou
la mémoire est le grand récitant de
cette admirable fresque, hommage au monde englouti de la culture
et de l'humour yiddish, tour de force romanesque salué
comme un chef-d'uvre par une critique unanime, et devenue
un best-seller immédiat dans tous les pays où elle
a été publiée.
13 euros (code de commande
: 22216).
Mémoires d'une chanteuse
allemande. Paris, Allia,
1995. In-8° broché, 233 p., ouvrage abondamment souligné
à l'encre rouge.
2,50 euros (code de commande
: 10119).
MONIKOVA (Libuse) Les
glaces dérivantes.
Traduit de l'allemand par Nicole Casanova. Paris, Belfond, 1994.
In-8° broché, 236 p., exemplaire du Service de Presse,
ouvrage « définivement indisponible » au catalogue
de l'éditeur.
11 euros (code de commande
: 10120).
MORSHÄUSER
(Bodo)
Berlin simulation. Traduit de l'allemand par Marie-Victoire Von
Friedberg. [Nîmes], Chambon, 1988. In-8° broché,
124 p., ouvrage épuisé sous cette forme au catalogue
de l'éditeur.
6 euros (code de commande
: 10121).
Les portes de feutre. Épopées kirghiz et sagaï
Sibérie du sud. Textes recueillis par Wilhelm Radloff.
Traduit de l'allemand et présenté par Alessandro
Corsi et Yankel Karro. Paris, Gallimard, 1999. In-8°
broché, 205 p., (collection « L'Aube des Peuples
»).
13 euros (code de commande
: 5481).
RILKE (Rainer Maria) Chant
de l'amour et de la mort du cornette Christoph Rilke. Traduction de Maurice Betz. Frontispice de
Jacques Ernotte. Paris, Émile-Paul, 1948.
In-8° broché, XXVII, 42 p., exemplaire numéroté
sur vélin pur fil Johannot (n° 1460), non coupé
et en très bel état.

Couverture,
frontispice et titre.
20 euros (code de commande
: 22740).
[ROMANTISME].
Les Romantiques allemands. Texte français par Armel Guerne. Avec
des traductions de MM. Albert Béguin, Lou Bruder, J.-F
Chabrun, René Jaudon, Robert Valançay, Mme Klee-Palvi
et G. Socard. Paris, Desclée de Brouwer, 1963. In-12 sous
reliure, jaquette et Rhodoïd d'éditeur, 804 p., ("Bibliothèque
européenne"), bon exemplaire.
En quatrième
de couverture de la réédition chez Phébus
en 2004 :
Publié pour la première
fois sous sa forme complète en 1963, ce recueil mythique
manquait à tous les amoureux du Romantisme allemand. Hölderlin,
Jean-Paul, Tieck, Novalis, les frères Schlegel, Chamisso,
Hoffmann, La Motte-Fouqué, Kleist, soit les plus grands,
sont bien sûr ici sur le devant de la scène, représentés
chacun par un ou plusieurs de leurs textes majeurs. Mais l'on
découvrira aussi quelques-uns de leurs compagnons injustement
oubliés : Wackenroder, Contessa, Bettina von Arnim
et la touchante Caroline von Günderode (la suicidée
des bords du Rhin). Sans oublier le cortège des romantiques
dits tardifs, où brillent encore plusieurs inoubliables :
Eichendorff, Büchner, Grabbe, Mörike...
Un florilège unique en notre langue,
tant par son abondance que par la qualité des traductions
retenues, notamment celles d'Albert Béguin et d'Armel
Guerne lui-même.
25 euros (code de commande
: 30733).
SACHER-MASOCH
(Leopold von) L'amour de Platon. Roman. [Titre original : Die Liebe des
Plato.] Traduit de l'allemand par Jean-François Boutout.
Lagrasse, Verdier, 1991. In-8° broché sous couverture
rempliée, 105 p., (collection « Der Doppelgänger »),
exemplaire en très bon état.
En quatrième
de couverture :
Souvent
cité, jamais traduit en France, ce texte constitue, dans
l'uvre de Sacher-Masoch, le symétrique et l'antithèse
de la célèbre Vénus à la fourrure
sans lequel celle-ci ne saurait se comprendre tout à fait.
Après la « perversion matérialiste »,
ce roman décrit la « perversion idéaliste »
d'un amour qui refuse entièrement le corps. Un jeune officier,
résolu à fuir toutes les femmes et tout contact
charnel, raconte à sa mère, à la fois juge
et confidente, sa lente et ironique initiation à l'amour,
qui passe par la rencontre d'un troublant androgyne.
Méditation sur le mystère de
la féminité, où la référence
à Platon ne va pas sans malice, ce roman est aussi, au
second degré, l'un des plus critiques qu'ait produit le
romantisme sur la notion de nature, avec un mélange de
jubilation romanesque et de pessimisme qui confère à
ces pages leur étrange beauté.
L'uvre du romancier et conteur galicien
Leopold von Sacher-Masoch (1835-1895), longtemps occultée
par la notion purement clinique d'un « masochisme »
dont elle offrirait le meilleur exemple, fait aujourd'hui l'objet
de nombreuses réévaluations. Elle reflète
notamment, par ses contradictions et son extrême diversité,
la complexité du mélange des traditions culturelles
qui caractérisèrent, jusqu'au début du XXe
siècle, l'empire austro-hongrois.
8 euros (code de commande
: 28920).
SACHER-MASOCH
(Leopold von) La pêcheuse d'âmes. [Titre original : Die Seelenfängerin.]
Préface de Jean-Paul Corsetti. Seyssel, Champ Vallon,
1991. In-8° broché, 392 p., (collection « Dix-Neuvième »),
exemplaire en parfait état.
En quatrième
de couverture :
« Du
bonheur, beaucoup de bonheur, murmura-t-elle en secouant la tête,
mais tout cela est bien loin. De grands dangers te menacent,
et de puissants obstacles s'entassent autour de toi. Tu triompheras
de tout, si tu es sage, fidèle et courageux. Deux femmes
se tiennent sur le chemin de ta vie ; tu les aimeras toutes
deux, et toutes deux te donneront leur cur. Pourtant, il
en est une dont tu dois te garder ; elle menacera ta vie,
et si tu n'es pas prévoyant, elle t'apportera la mort.
Mais un ange veille sur toi et te montrera le chemin du salut »
(...)
En ce moment on entendit comme une plainte
mystérieuse flottant à travers les cimes des arbres.
« Qu'est-ce ?
Ferme tes oreilles et tes yeux,
dit la bohémienne, il n'est pas bon d'être dans
le voisinage, quand ils passent.
De qui parles-tu ?
Entends-tu le psaume de la pénitence
? Ce sont les dévots pèlerins de cette secte que
l'on nomme les Dispensateurs du ciel. Il y a une odeur de sang
dans l'air. Prends garde ! »
Surtout connu du grand public pour son sulfureux
roman La Vénus à la fourrure, Leopold von
Sacher-Masoch (1836-1895) figure parmi les plus prestigieux écrivains
slaves du post-romantisme. Si l'auteur du Legs de Caïn,
père accidentel du « masochisme »
tout comme Sade le fut du « sadisme » ou
Nabokov du « lolitisme », demeure associé
à la mise en scène littéraire d'une « perversion »,
celle-ci ne doit pas faire oublier l'originalité et la
singularité de ses nombreux récits, contes et nouvelles.
En témoignent La Mère de Dieu et La Pêcheuse
d'âmes, deux de ses meilleurs romans, enfin disponibles
après un siècle de silence, accompagnés
d'une préface et d'un important dossier bio-bibliographique
de Jean-Paul Corsetti.
10 euros (code de commande
: 28921).
SACHER-MASOCH
(Leopold von) Histoires galiciennes. Don Juan de Koloméa. Frinko Balaban.
Clair de lune. La justice des paysans. Le mariage de Valérien
Kochanski. [Traduction de Th.
Bentzon.] Paris, Le Club Français du Livre, 1963. In-8°
sous reliure et Rhodoïd d'éditeur, 308 p., maquettes
de Jacques Daniel, (collection « Récits »,
n° 44), exemplaire numéroté.
19 euros (code de commande
: 9129*).
SCHICKELE
(René) Mon amie Lo. Roman.
Traduit de l'allemand par Sibylle Muller. Strasbourg,
Circé, 2010. In-8° collé, 121 p.
En quatrième
de couverture :
« Lo est actrice au Grand-Guignol,
elle est jeune, jolie, et maîtrise à la perfection
les arts du plaisir. Quant au plaisir, il ne se voit pas encore
sur elle de façon aussi éclatante que plus tard,
quand la carrière de Lo s'envolera ; on ne peut pas
dire qu'elle est entretenue, elle s'habille avec simplicité,
mais mieux que ses collègues qui ont plus de succès,
et sa célébrité, qui lui vient de ses qualités
de cur, est grande sur la rive droite de la Seine comme
sur la rive gauche. Tout en elle promet de durer. C'est probablement
parce qu'elle veille sur elle-même avec beaucoup d'attention.
Elle n'est jamais naïve, sauf dans les idées bien
à elles qui lui traversent soudain l'esprit, et dans la
patience des sentiments amoureux. L'actrice vaut 6 000 francs,
la femme, pour très peu de temps encore, n'est pas cotée.
Quel printemps pour des garçons pas très fortunés ! »
8 euros (code de commande
: 21258).
SCHICKELE
(René) Paysages du ciel. (Titre original : Himmlische Landschaft.)
Traduit de l'allemand par Irène Kuhn et Maryse
Staiber. Orbey, Arfuyen, 2010. In-8° collé, 127
p., exemplaire en parfait état.
Note de l'éditeur
:
Paysages
du ciel est traduit
pour la première fois en français. À travers
cette sorte de journal de bord où sont consignées
impressions, souvenirs et anecdotes, il est possible de découvrir
un autre Schickele, attachant de simplicité et proche
des réalités du quotidien.
Cest un ami peintre qui lui fait découvrir
Badenweiler, au pied de la Forêt-Noire. En sa compagnie,
lécrivain alsacien retrouve les paysages de son
enfance, avec leurs collines, leurs forêts et leurs vignes.
Cest lesprit même du pays alémanique
qui lui apparaît de façon symbolique : Schickele
y voit un seul et « grand jardin ». Son
regard porte loin vers les Vosges, la Suisse et même jusquen
Provence il sagit dun « paysage
ouvert ».
Rétrospectivement, ces pages prennent
une signification prophétique : face à la
montée du national-socialisme, Schickele quittera Badenweiler
dès lautomne 1932 pour ne plus jamais y revenir.
Il passera les dernières années de sa vie dans
le Sud de la France où il mourra, à Vence, en janvier
1940. Les dernières pages de Himmlische Landschaft
sintitulent précisément LAdieu.
Lorsque paraîtra Himmlische Landschaft à
Berlin en 1933, Schickele aura déjà quitté
Badenweiler et son « arche » en pays alémanique,
prise une fois de plus au cur de la tempête.
8 euros (code de commande
: 21218).
SEIDEL (Ina)
Notre
ami Pérégrin. Frontispice de Maurice Brocas. Traduit
de l'allemand par Edith Vincent. Bruxelles, Éditions de
la Mappemonde, 1944. In-12 broché, 167 p., (collection
«Frontispice »), exemplaire numéroté.
10 euros (code de commande
: 5257).
SPITTELER (Carl) Gustave. Traduction
de E. Desfeuilles. Préface de G. De Reynold. Paris
- Genève, Crès - Georg, 1920. In-12 broché,
192 p., (collection « Helvétique »), exemplaire
numéroté, rousseurs.
@ Cet ouvrage contient un portrait dessiné et
gravé par Vibert et deux bois originaux de Francillon.
15 euros (code de commande
: 4719).
STERNHEIM
(Carl) Napoléon et
autres récits. Traduits
de l'allemand par Jean Launay et Maurice Betz. Suivis de Carl
Sternheim, par Jean Launay. Paris, Mercure de France,
1978. In-8° broché, 248 p.
En quatrième
de couverture :
Napoléon
n'est pas Napoléon. C'est un petit garçon, né
en 1820 à Waterloo, dans une famille pauvre sans doute
puisqu'à douze ans il est placé par son père
dans une auberge de Bruxelles, apprenti marmiton.
À Paris, Napoléon écoutera
d'une oreille les secrets de la politique française, il
sera devenu le propriétaire d'un restaurant où
déjeunent et dînent les ministres, mais la guerre
de 1870 et le siège de Paris rendront les menus plus sévères.
Chaque histoire de Carl Sternheim, quel qu'en
soit le protagoniste Napoléon, gardien de
la paix, banquier, musicien, servante , entraîne
le lecteur dans une incroyable équipée que celui-ci
partage de tout son être, comme physiquement, car la tension
nerveuse, sans aucun exemple, de l'écriture de Sternheim,
est contagieuse.
Carl Sternheim, mort en exil en 1942, à
soixante-quatre ans, est l'un des premiers écrivains allemands.
Jean Launay raconte ici sa vie, presque plus fiévreuse,
abracadabrante, et comique, que la plus folle de ses nouvelles.
15 euros (code de commande
: 26386).
STRAUSS
(Botho) Théorie de la menace. Précédé de La Sur
de Marlene. [Titre original : Marlenes Schwester.
Zwei Erzählungen.] Traduction de l'allemand et postface
par Aglaia I. Hartig et Philippe Ivernel. Paris,
Seuil, 1988. In-8° broché, 120 p., (collection
« Fiction & Cie »).
En quatrième
de couverture :
Écrits
au milieu des années soixante-dix, ces deux récits
ont révélé un écrivain. On y rencontre
des personnages aux origines indécises, qui surgissent
et s'évanouissent de façon mystérieuse,
se métamorphosent dans d'étranges circonstances
où apparaissent crûment l'illusion de l'identité,
la stérilité de l'union et la formidable vanité
attachée au sentiment de soi.
Dans Théorie de la menace, une
femme crie le nom d'un homme qu'elle n'a, semble-t-il, jamais
connu. Cet homme en tout cas ne se souvient pas d'avoir vécu
avec elle. Et pourtant les souvenirs de Léa sont si précis...
Il écrit sur elle : le sentiment d'aimer Léa
n'est autre, dit-il, que le sentiment de commencer un livre.
Pour aimer Léa, il partira en Cornouailles, là-bas
où d'autres fantômes l'attendent. Car aimer Léa,
c'est se laisser envahir par l'angoisse et accepter au bout du
compte de risquer sa vie pour en atteindre le principe: la séparation.
Marlene, dans le second récit, se sépare
de sa sur dont la présence à ses côtés
l'opprime. Elle dérive, inaccessible au monde, et se dissout
lentement. La Sur de Marlene est le conte fantastique
de la séparation et de la perte d'identité qui
en découle.
La prose ciselée de ces deux récits,
véritables matrices de l'uvre, est celle du Botho
Strauss que nous lisons aujourd'hui, l'un des plus grands écrivains
allemands contemporains.
10 euros (code de commande
: 20585).
TROJANOW
(Ilija) Le collectionneur de mondes. [Titre original : Der Weltensammler.]
Roman traduit de l'allemand par Dominique Venard. Paris, Buchet-Chastel,
2008. In-8° collé, 583 p., exemplaire en bel
état.
En quatrième
de couverture :
Majestueuse
invitation au voyage, Le Collectionneur de mondes est
une ouverture à l'autre dans ce qu'il a de plus exotique,
dé plus dérangeant, de plus étranger. Quand
il débarque en 1842 dans le Bombay des marchands d'opium
et des courtisanes à la peau de cuivre et aux doigts agiles,
Richard Francis Burton est un jeune officier anglais de vingt
et un ans à peine...
À sa mort en 1890 à Trieste,
il est devenu l'aventurier le plus extravagant, le plus énigmatique
et le plus captivant du XIXe siècle ; linguiste orientaliste
maîtrisant vingt-neuf langues, grand amateur de perversions
et de passions humaines, Burton est l'auteur de la traduction
originelle (inégalée à ce jour) des Mille
et Une Nuits. Espion et génie du déguisement, il
est le premier voyageur occidental à être entré
dans La Mecque et Médine. Explorateur téméraire,
il remonte les sources du Nil au péril de sa vie...
L'écriture sensuelle et poétique
d'Ilija Trojanow nous convie à la découverte de
l'existence inouïe de Richard Francis Burton ; il nous
livre un formidable roman tout à la fois historique et
d'aventures, librement inspiré de la vie de cet insatiable
curieux.
10 euros (code de commande
: 22641).
TZARA (Tristan) Chronique
zurichoise 1915-1919.
Crisnée, Yellow Now, 1979. In-8° agrafé,
26 p., (collection « Transjectoires »).
En quatrième
de couverture :
« Ces trente
pages éblouissantes de Tristan Tzara, publiées
originalement en 1920 à Berlin dans « Dada Almanach
» sont la chronique d'un événement majeur
de la modernité : la naissance de la revue et du mouvement
Dada au Cabaret Voltaire à Zurich en 1916.
Ses fondateurs, Hans Arp, Hugo Ball, Emmy Hennings, Richard Huelsenbeck,
Marcel Janco y sont mis en scène par le plus actif d'entre
eux, Tristan Tzara, venu de Bucarest à Zurich en 1915,
avant de repartir lancer Dada à Paris en 1920.
C'est à Zurich en effet que paraissent les premiers volumes
de Tzara, que sont inventés la musique bruitiste et le
poème simultané, récités des chants
nègres aux soirées du Cabaret Voltaire, tandis
que sur les presses de l'imprimeur anarchiste Heuberger paraît
la revue Dada. ».
13 euros (code de commande
: 9524).
VON ARNIM (Joachim)
Chronique
d'un majorat.
Traduit et illustré de bois par Charles Beckenhaupt.
Bruxelles, Éditions des Artistes, 1939. In-8° broché,
162 p., exemplaire numéroté sur Vergé.
12,50 euros (code de
commande : 5269).
VON EICHENDORFF
(J.) Les chevaliers de fortune. Traduit et illustré
de bois par Charles Beckenhaupt. Bruxelles, Éditions
des Artistes, 1937. In-8° broché, 152 p., rousseurs
éparses, exemplaire numéroté sur Vergé.
12,50 euros (code de
commande : 5270).
VON
KEYSERLING (Eduard) Été brûlant.
[Titre original : Schwüle
Tage.] Roman traduit de l'allemand par Jacqueline Chambon
et Peter Krauss. Arles, Actes Sud, 1986. In-8° broché,
90 p., petit cachet d'appartenance à la page de garde,
exemplaire en très bel état.
En quatrième
de couverture :
« Cet été-là, le jeune comte Bill,
qui venait déchouer au baccalauréat, devait
découvrir, en même temps que les émois et
les consolations de la chair, les exigences cruelles de la passion.
Et une trop belle cousine allait, par son soudain mariage, précipiter
le jeune comte et son père dans la tragédie. Comme
si les promesses de lété nétaient
quun piège perfide. »
4 euros (code de commande
: 10989).
VON
KEYSERLING (Eduard) Versant sud. [Titre original : Am Südhang.] Roman
traduit de l'allemand par Jacqueline Chambon et Peter Krauss.
Arles, Actes Sud, 1986. In-8° broché, 120 p., petit
cachet d'appartenance à la page de garde, exemplaire en
très bel état.
En quatrième
de couverture :
« Les vacances sannonçaient belles pour le
lieutenant Karl Erdmann von Wallbaum. Il allait retrouver la
quiétude du château familial, la chasse au gibier
deau et sans doute lamour de Daniela, la séduisante
amie de sa mère. Il y avait bien ce duel auquel il sétait
engagé, mais sa victoire ne ferait-elle pas de lui le
héros de lété ? Or le destin en avait
décidé autrement
»
5 euros (code de commande
: 10992).
VON
UNRUH (Fritz) Verdun
(Opfergang). Traduit par Benoist-Méchin
(version définitive). Paris, Éditions du Sagittaire,
1925. In-12 broché, 235 p., un portrait en frontispice,
(collection de la « Revue Européenne »,
n° 5), couverture défraîchie.
Roman
pacifiste d'un officier de cavalerie allemand.
Extrait de la préface :
Toi, livre, témoin des combats dans
lesquels nous sentîmes le souffle vivant profané
par la guerre aux mains barbelées d'aiguillons, toi né
devant les tours de Verdun, gelant sous les neiges de février,
vis-à-vis de mes frères mis en pièces,
toi, mémoires d'une marche au sacrifice, chronique de
l'holocauste, pourrais-tu aider à cette paix entrevue
au delà de telle colline, consacrée par la mort
de camarades lorsque j'étais debout dans Beaumont,
au milieu de la rue du village en flammes, ou que j'errais comme
un perdu dans le ravin de Chauffour agenouillé
auprès des cadavres, fixant toute créature en son
il devenu vitreux, à cette paix qui exhala
son premier amen dans le serment de soldats mourants,
le serment de paix que j'ai conservé dans mon cur ?
Huit ans, depuis lors, sont passés.
Les Cavaliers de l'Apocalypse sont encore partout en selle
; mais leur violence décomposée n'a point prévalu
sur notre décision ; ni sur la mienne, ni
sur la tienne, ni sur aucun de ceux qui, sous la voûte
d'obus du Mort-Homme, levèrent leur âme vers Dieu,
parmi les forêts de racines !
Camarades, et comment ferait-on pour
éteindre notre Foi ?
10 euros (code de commande
: 21298).
WINKLER
(Josef) Cimetière des oranges amères. Roman. [Titre original :
Friedhof der bitteren Orangen.] Traduit de l'allemand
par Éric Dortu. Lagrasse, Verdier, 1998. In-8° broché,
411 p., (collection « Der Doppelgänger »),
couverture légèrement défraîchie.
En quatrième
de couverture :
Fuyant
son village natal de Carinthie, dans le sud de l'Autriche, dont
il décrivait l'intolérance et la cruauté
dans Le Serf, Josef Winkler se réfugie en Italie
et tente, par l'écriture, de lutter contre les démons
de son enfance. Peine perdue : qu'il soit romain ou autrichien,
le catholicisme, sous le faste de ses rites, semble devoir engendrer
partout le même obscurantisme et la même cruauté.
Aussi la splendeur des processions en l'honneur de la Vierge
et des saints, la profusion ridicule des magasins de bondieuseries,
la superstition partout répandue, sont-elles pour Winkler
une source inépuisable de délectation qui alimente
sa verve blasphématoire.
Mais le regard de l'écrivain ne s'en
tient pas à la pure satire. Dans les gares, sur les marchés,
dans les jardins publics de Naples
et de Rome, la vue des mendiants et des travestis ou le contact
avec les jeunes prostitués et les voyous suscitent chez
Josef Winkler une connivence mêlée d'inquiétude,
l'obligeant à prendre conscience de sa fraternité
avec toutes les formes de marginalité, en même temps
que remonte en lui le souvenir obsédant des prières
de son enfance. « Je suis contre la prière,
mais je prie. Je suis contre l'amour et contre la haine, mais
je hais et j'aime, je suis aimé et haï. »
Brassant un monde où l'imaginaire, l'histoire
et l'autobiographie sont étroitement mêlés,
ce grand livre baroque composé dans une langue éblouissante,
tel un nouveau Triomphe de la mort oscillant sans cesse
entre la précision de l'observation et l'incantation extasiée,
se veut à l'image du Cimetière des oranges amères
de Naples, cette orangeraie plantée sur une ancienne fosse
commune : le tombeau tragique et somptueux de tous les laissés-pour-compte
de notre temps.
14 euros (code de commande
: 22226).
WINKLER
(Josef) Sur la rive du Gange. Domra.
Roman. [Titre original : Domra, Am Ufer des Ganges.]
Traduit de l'allemand par Éric Dortu. Lagrasse, Verdier,
2004. In-8° broché, 247 p., (collection « Der
Doppelgänger »), exemplaire en très bel
état.
En quatrième
de couverture :
Sur
la rive du Gange, depuis des temps immémoriaux, se déroule
chaque jour le rituel immuable de l'incinération des morts,
ou celui, réservé aux êtres purs enfants
et saints de l'immersion dans le fleuve. De ces cérémonies,
les domras sont les officiants : leur caste veille sur le
feu sacré qui sert à allumer tous les bûchers.
Sur les Ghâts où ont lieu les
crémations, il est interdit de filmer, de photographier
et même de dessiner, quoique les animaux y circulent librement
et que les cendres des morts, une fois les bûchers éteints,
ne fassent l'objet d'aucun soin particulier.
Il n'est pas interdit de prendre des notes ;
pourtant, en décrivant minutieusement les spectacles terribles
et grandioses qui s'offrent à lui, mêlés
aux réalités les plus triviales de la vie quotidienne,
le narrateur fasciné sait qu'il ruse avec l'interdit.
Comme à Naples et à Rome dans
Cimetière des oranges amères et Natura
morta, ses précédents livres, Josef Winkler
emporte en Inde le memento mori qui traverse toute son
uvre. Écrit à la lueur des bûchers
funèbres, Sur la rive du Gange est un grand livre
sur l'Inde, baigné de joie tragique, où le romancier
relève le défi qu'il s'est lancé depuis
qu'il écrit : celui de ne jamais fermer les yeux
face aux réalités les plus terribles de la vie.
10 euros (code de commande
: 19395).
[ZWEIG (Stefan)]. NIÉMETZ (Serge)
Stefan Zweig. Le voyageur
et ses mondes. Biographie.
Paris, Belfond, 1996. In-8° sous reliure souple d'éditeur,
599 p., illustrations hors texte, cachet ex-libris et étiquette
de librairie à la page de garde, épuisé.
En quatrième
de couverture :
« Au-delà de l'écrivain à l'immense
succès toujours renouvelé, l'homme Zweig
si proche, si lointain éveille la curiosité
de ses lecteurs, qui se tournent vers lui comme vers un ami rescapé
d'un temps révolu ou d'un lieu englouti.
En le suivant pas à pas dans ses voyages d'un monde à
l'autre, en évoquant les grands problèmes historiques
et sociaux de la première moitié de notre siècle,
qui l'ont finalement brisé, en montrant comment il a tenté
de se définir en tant qu'autrichien, juif, écrivain,
humaniste et pacifiste, Serge Niémetz nous rend familier
un personnage infiniment tourmenté et complexe.
Voici Zweig, parvenu et paria, généreux et odieux,
dévoué et égoïste, fondamentalement
apolitique et requis cependant de s'engager. Voici l'enfant gâté
de la bourgeoisie juive de Vienne, les succès précoces,
l'épreuve de 1914 qui brise le rêve d'Icare, la
carrière du grand écrivain parfaitement maître
de tous les aspects de son métier, puis la montée
des périls, l'exil d'un homme qui se sent traqué
jusqu'au bout du monde, jusqu'à sa « mort libre
» en 1942, au Brésil. Et voici, sauvés du
naufrage, l'uvre, l'exemple et peut-être l'espoir
qu'il nous lègue.
Dans cette somme biographique, Serge Niémetz, au terme
de cinq ans de travail, raconte le « roman vrai »
d'une vie profondément liée aux grands bouleversements
du XXe siècle, et jette un éclairage nouveau sur
l'un des « classiques » les plus passionnants de
notre siècle. »
15 euros (code de commande
: 10353). |